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Montpellier Danse: "Autóctonos", dénonciation déroutante de la société de la performance

"Autóctonos", pièce de l'Argentine Ayelen Parolin créée jeudi soir dans le cadre du festival Montpellier Danse s'attaque de manière déroutante à la société de la performance et à "l'excès de positivité".

La chorégraphe, qui vit et travaille en Belgique depuis 2000, convoque sur scène, pour cette pièce qui tient plus de la performance que de la danse, la pianiste Lea Petra et les performeuses Ondine Cloez, Varinia Canto Vila, Aymará Parola et Sophia Rodríguez, aux physiques et aux mouvements aussi discordants que le piano. Une discordance parfois à la limite du supportable pour les spectateurs qui ont applaudi timidement.

Improbable collerette sur buste nu, peau de bête, fleurs en guise de chapeau ou corsage transparent, les quatre femmes tragi-burlesques semblent incapables d'accorder leurs humeurs et leurs mouvements, isolées dans une course sans fin qui leur est imposée et peine à faire sens.

Ayelen Parolin dit s'être inspirée pour l'écriture de cette pièce d'un des personnages féminins de "2666", roman fleuve de l'écrivain chilien Roberto Bolaño.

Cette femme qui "réussit" est "aspirée par des surcharges inutiles, des obligations qui ne mènent à rien, des rendez-vous qui ne sont qu’une immense perte de temps", explique Ayelen Parolin. "Autant de bâtons dans ses roues, qui lui empêchent tout acte de renouvellement et de créativité…"

La chorégraphe s'est ensuite plongée dans l'essai "La Société de la fatigue", du philosophe allemand d’origine sud-coréenne, Byung-Chul Han, qui décrit "une société +de la performance+ et de +l’excès de positivité+ qui nous apprend à aller de l’avant, invariablement, au point de s’oublier soi-même, voire au point de se perdre totalement..."

Née à Buenos Aires en 1976, année du coup d’État militaire en Argentine, Ayelen Parolin a notamment travaillé comme interprète pour la chorégraphe Mathilde Monnier et le tandem belge Mossoux-Bonté.

"Autóctonos" est conçu comme un "contrepoint" à sa pièce précédente intitulée "Hérétiques" et peuplée d'hommes-machines. "Il est toujours question de notre société de l’endurance, de la rentabilité, de la productivité", dit Ayelen Parolin, qui veut pourtant cette fois non plus "toucher à sa puissance, mais creuser sa défaillance". Et poser plus largement la question "comment être encore ensemble?" dans la vie moderne.

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