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Pierre Arditi dans un rôle subtil à l'humour noir: "Le Cas Sneijder"

Pierre Arditi se glisse avec maestria dans la peau de Paul Sneijder, dans la pièce savoureuse mise en scène par Didier Bezace au Théâtre de l'Atelier à partir de l'avant-dernier roman de Jean-Paul Dubois, "Le Cas Sneijder".

Paul Sneijder est un homme intelligent, sensible, plein d'humour, comme on aimerait en rencontrer. Il promène sur la vie un regard désabusé, bien dans la lignée des héros de Jean-Paul Dubois ("Une Vie française", 2004).

La journée, il dessine à la craie des rouages d'ascenseurs sur un immense tableau noir, à la recherche de l'erreur fatale qui a entraîné la chute de la cabine et causé la mort de sa fille Marie. La nuit, il rêve d'elle, et c'est très doux.

Paul se détache peu à peu du monde "vertical", tendu vers la réussite, l'efficacité, symbolisées par ces ascenseurs qui rythment les journées des salariés dans les tours du monde entier. Lui est sorti du système, à petit pas.

Il ne prend même pas ombrage des infidélités de sa femme, à qui il reproche seulement de rapporter inéluctablement du poulet rôti les soirs où elle voit son amant, les mardis et vendredis.

Seule l'intéresse la chute de cet ascenseur fatal, et Charlie, le chien qu'il promène tous les jours pour l'entreprise "DogWalk", et pour qui il se prend d'amitié.

Sa femme est ulcérée par sa déchéance sociale - promeneur de chiens! Mais Paul vit dans un autre temps, un temps poétique où le dialogue avec Charlie et avec le fantôme de sa fille ont pris le dessus sur le réel.

La mise en scène, à mi-chemin du fantastique avec ses fumées blanches noyant parfois le décor onirique de Jean Haas contribue à instaurer une atmosphère d'étrangeté. Sur scène, des portes d’ascenseur s'ouvrent à intervalles réguliers sur les éléments du décor: le salon, la boutique du promeneur de chiens, le bureau de l'avocat de la compagnie d'ascenseurs (Didier Bezace).

L'adaptation fidèle du livre (également porté au cinéma en 2016) est portée par une interprétation très juste (Sylvie Debrun, Morgane Fourcault, Thierry Gibault, très drôle en patron de DogWalk). La fin très noire achève de convaincre le spectateur que la "vie verticale" l'emporte généralement sur les poètes.

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