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Pierre Le Grand sur les traces du Roi-Soleil : une exposition au Grand Trianon

Le 8 mai 1717, le tsar Pierre Le Grand arrive à Paris. Il restera deux mois en France, curieux de tout, rencontrant hommes d’État, savants et artistes. Une exposition au Grand Trianon à Versailles restitue cette étape fondatrice de son deuxième périple européen.

Le souverain russe, qui a engagé son pays dans une modernisation à marche forcée, n'avait pas prévu initialement de se rendre en France, traditionnelle alliée de l'Empire ottoman avec lequel il est en guerre. Mais il rencontre, pendant ce voyage en Europe, Frédéric Guillaume de Prusse qui l'incite à découvrir le royaume de France.

Pierre Le Grand a déjà sillonné le continent européen en 1697-1698, visitant les Pays baltes, l'Allemagne, la Hollande, où il séjourne six mois, et l'Angleterre avant de regagner son pays par Vienne.

Ce colosse de près de 2 m est censé voyager incognito, l’Église orthodoxe lui interdisant de quitter la Russie. La "Grande Ambassade" ne fait pas pour autant dans la discrétion. "La suite du souverain compte mille personnes, des militaires, des médecins, des nains, et même des dames de moeurs légères", raconte Francine-Dominique Liechtenhan, conseillère scientifique de l'exposition (ouverte jusqu'au 24 septembre).

Pendant son premier séjour aux Pays-Bas, "l'empereur de toutes les Russies" travaille comme charpentier de marine, près d'Amsterdam. "Pierre Ier, qui aurait appris au total une quinzaine de métiers pendant ce voyage, fréquentait les tavernes et adorait la compagnie des ouvriers. A Paris, il se promène en tenue de matelot hollandais", raconte Mme Liechtenhan.

- Esprit ouvert -

Même s'il est sensible aux honneurs, Pierre Le Grand bouscule souvent le protocole par son abord direct. Présenté au futur Louis XV, âgé de sept ans, il prend l'enfant dans ses bras et entame une conversation avec lui, sous le regard interloqué des dignitaires français.

Le roi porte une perruque courte, qu'il enlève souvent et glisse dans sa poche quand il a trop chaud.

Pierre a laissé aux Pays-Bas sa deuxième femme, Catherine, une paysanne qu'il ne juge pas assez raffinée pour la cour de France. Elle aura tout de même droit à la visite du peintre Jean-Marc Nattier qui fera d'elle un portrait moins flatteur que celui de son époux.

Le souverain russe était loin d'avoir reçu une éducation de prince. Il était peu cultivé, mais avait un esprit ouvert : il se passionna ainsi pour la machine de Marly (conçue pour fournir l'eau nécessaire aux jardins de Versailles), qu'il visitera à deux reprises, ainsi que pour la frappe de médailles à l'Hôtel de la Monnaie.

Le roi collecte des livres d'architecture - Saint-Petersbourg a été fondée il y a seulement quatorze ans - des traités scientifiques et techniques, des ouvrages sur les forteresses - c'est un admirateur de Vauban. Il amasse des objets mathématiques et de nombreux instruments médicaux. "Pierre Le Grand n'hésitait pas à arracher lui-même les dents des nobles souffrant d'une infection", note Mme Liechtenhan, auteure d'une biographie de référence du souverain.

Il est également fasciné par la manufacture des Gobelins dont quatre tapisseries lui sont offertes, et créera une fabrique dans la nouvelle capitale.

De la pharmacie de campagne de Pierre Ier - et sa chaise d'aisance - à son remarquable buste en bronze , sculpté par Bartolomeo Carlo Rastrelli à partir de son masque mortuaire, l'exposition présente quelque 150 pièces, dont les deux-tiers proviennent du Musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg.

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