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Pour le dessinateur et réalisateur Mathieu Sapin, "le pouvoir, ça rend fou"

"Le pouvoir, ça rend fou!" ! Dans la comédie "Le Poulain", en salles mercredi, le dessinateur de BD Mathieu Sapin, qui avait suivi la campagne de François Hollande en 2012, croque les affres de la politique à travers l'histoire d'un novice dans ce milieu.

Toute ressemblance avec des personnages existants n'est pas forcément fortuite... "Pour ce film, je me suis inspiré des personnes que j'ai croisées. Je me suis inspiré aussi de mon propre parcours", raconte à l'AFP Mathieu Sapin, qui avait décrit le quotidien du candidat François Hollande dans "Campagne présidentielle", puis les coulisses de l'Elysée dans "Le Château" en 2015.

Le dessinateur, qui avait déjà réalisé un court métrage, et s'était intéressé au cinéma pour ses BD "Feuille de chou: journal d'un tournage" (sur "Gainsbourg, vie héroïque" de Joann Sfar) et "Gérard, cinq années dans les pattes de Depardieu", a sauté sur l'occasion quand on lui a proposé ce film.

"Avec mon scénariste, Noé Debré, on s'est dit qu'on allait utiliser toute cette matière à laquelle j'ai eu accès comme une toile de fond", ajoute le dessinateur de 43 ans, qui a même décidé de faire jouer dans ce premier film un vrai homme du sérail, l'ancien conseiller en communication de François Hollande Gaspard Gantzer.

"Le Poulain" raconte l'histoire d'Arnaud Jaurès (Finnegan Oldfield), un jeune homme qui se retrouve propulsé par un concours de circonstances dans l'équipe de campagne d'un candidat à la présidentielle.

Il devient l'assistant de la directrice de la communication Agnès Karadzic (Alexandra Lamy), une femme aux dents longues, cynique et imprévisible, qui va l'initier à la politique et lui faire abandonner sa naïveté pour gravir à son tour les échelons du pouvoir.

A travers les différentes étapes de cette campagne, de réunions de travail en déplacements en province, de meetings en débats télévisés, Mathieu Sapin dresse un tableau des coulisses du monde politique, de ses coups bas, ses rivalités et ses chausses-trappes. Il oscille pour le faire entre réalisme et stylisation, sur fond d'humour.

- 'En-dessous de la réalité' -

S'il ne retrouve pas toujours sur la longueur le rythme et le ton mordant et singulier de ses albums de BD, Mathieu Sapin en profite pour décrire aussi une galerie de personnages hauts en couleur, tel un intrigant loufoque interprété par Philippe Katerine.

"Des personnages comme celui là, j'en ai croisé. Il y en a dans ce milieu-là", juge Mathieu Sapin, expliquant que des personnalités politiques, après avoir vu son film, "lui ont dit que c'était même un peu en-dessous de la réalité".

"J'ai même des hommes ou des femmes politiques de premier rang, de gauche comme de droite, qui m'ont dit que dans ce milieu il y avait beaucoup de psychopathes. Parce que c'est le pouvoir, ça rend fou", poursuit celui qui cite parmi ses sources d'inspiration Balzac, Shakespeare ou les films de Robert Altman.

"C'est normal, quand on arrive à de telles pressions, de telles responsabilités, je ne vois pas comment on peut exercer ça de manière un peu scolaire, procédurière. Il y a forcément une espèce d'hubris", estime-t-il.

Le choix de Gaspard Gantzer pour jouer un conseiller politique est venu, lui, de la volonté de Mathieu Sapin de ne pas montrer "des conseillers qui soient des espèces de robots dénués de sentiments".

"Je voulais qu'il y ait une vraie couleur et une singularité", ajoute-t-il. "Je n'arrivais pas vraiment à trouver de comédiens, je n'y croyais pas (...) Comme je pensais à lui comme modèle de personnage, que je me suis dit: +Pourquoi pas lui demander?+".

"Il a accepté et fait les choses de manière très sérieuse", raconte-t-il encore, soulignant que "sa simple présence donnait aux comédiens l'idée que c'était crédible". "Quand on déjeunait par exemple, ils le bombardaient de questions en général. Malgré lui, il était un peu comme un conseiller technique..."

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