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Printemps de Bourges: Catherine Ringer, héroïque fantaisie

Au Printemps de Bourges, Catherine Ringer aura tout connu, la folie avec les Rita Mitsouko, le courage d'y revenir seule après la mort de Fred Chichin, la renaissance par le tango et désormais le bonheur de sa fantaisie retrouvée.

"Après la fin de Rita Mitsouko, c'est sûr que j'étais quand même drôlement choquée. Bon, plusieurs années après, c'est forcément différent. On finit par redevenir soi-même", convient la chanteuse, rencontrée avant le concert qu'elle a donné mardi soir en ouverture du festival.

Le temps a fait son oeuvre. Plus de dix ans ont passé depuis la mort de son compagnon avec lequel elle formait un des groupes les plus détonants que le rock français ait connu. Malgré l'immense douleur, elle avait tenu à chanter les Rita sans Fred, au Printemps en 2008.

De ce retour seule, Catherine Ringer ne souhaite pas trop en parler. Ajustant son chapeau rose qui la protège du soleil printanier, elle préfère évoquer le premier souvenir de Bourges, lorsqu'en 1987 Fred Chichin et elle vinrent présenter leur deuxième album "The No Comprendo". C'est comme ça.

"On inaugurait une nouvelle grande scène. Il y avait Serge Gainsbourg qui était chargé de filmer les concerts. Et nous, nous ne voulions pas être filmés. Alors on s'est encore une fois disputés avec lui et après on s'est réconciliés", sourit celle qui avait été copieusement insultée un an plus tôt à la télé pour son passé d'actrice X par l'auteur de "La Javanaise".

De l'histoire bien ancienne pour la chanteuse de 60 ans, qui a sorti son deuxième album solo, "Chronique et fantaisies" en novembre dernier. Y figure notamment le titre "Senior", dans lequel elle vante les mérites de l'âge avec une énergie renouvelée.

"J'avais la sensation qu'il fallait que je parle aux jeunes un peu de ce que c'était que d'arriver à l'état de senior. Et que ça valait le coup de vivre. Que la vie ne devenait pas horrible à partir du moment où on avait 30 ou 35 ans. Qu'on ne devenait pas une espèce de croûton pourri et qu'au contraire les choses pouvaient bien évoluer", dit-elle.

- Liée à Higelin -

"Alors, il y a des choses que je fais mieux, d'autres moins bien. Mais je trouve que j'ai fait des progrès en chant. Il est plus souple, plus modulé, moins sur la pression", estime la diva punk, qui a effectivement été impériale mardi soir.

On lui demande d'ailleurs si le plaisir de chanter s'est renouvelé, notamment depuis son précédent passage au Printemps avec le projet Plaza Francia, créé par deux Gotan Project. Accompagné par ce groupe, elle s'était mise au chant espagnol sur du tango. Une éclatante réussite.

"Il y a des périodes où je chante toute seule et d'autres non. Alors j'aime chanter pour le métier, pour m'entraîner, mais quand ça me prend là, à chanter spontanément c'est que je suis joyeuse", s'épanche-t-elle, la main posée sur le sternum.

Un sentiment qu'elle a renvoyé aux oreilles des quelque 7.000 spectateurs venus l'applaudir à Bourges. Tous ont regoûté aux "madeleines" des Rita, "Le petit train", "Alors c'est toi", "Marcia Baila", "Andy".

Et ils ont aussi eu la larme à l'oeil en découvrant la "Tristessa" issue de son dernier opus, qu'elle a interprétée drapée comme une veuve sicilienne, ou lors de sa reprise vibrante de "Pars" de Jacques Higelin, un de ses héros à qui elle avait déjà rendu hommage il y a quinze jours au Cirque d'hiver avant ses obsèques.

"+Pars+ a été une chanson très forte qui m'a bouleversée, confie-t-elle. Jacques a fait des choses qui m'ont marquée. Il émerveillait le monde. Je me sens liée à lui par tout ce qu'il m'inspirait, par son amour de la fantaisie", dit Catherine Ringer, désormais un peu seule à entretenir cette flamme.

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