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Robin Renucci monte ses tréteaux au festival d'Avignon

Une scène sur tréteaux, des meubles d'écolier surdimensionnés et un imposant piano à queue noir pour seul habillage: le cadre épuré que Robin Renucci donne à sa dernière création, présentée au Festival d'Avignon, fait écho à la simplicité du thème, l'enfance.

"L'enfance à l'oeuvre", qui sera donnée jusqu'au 26 juillet dans des lieux aussi divers qu'un collège, une cour de château ou une concession automobile, explore à travers des textes de Paul Valéry, Romain Gary, Arthur Rimbaud ou encore Marcel Proust ces moments si particuliers de la petite enfance où se cristallisent émotions, souvenirs et aspirations.

C'est une des innovations d'Olivier Py à son arrivée à la tête du Festival d'Avignon en 2013: créer chaque année une pièce itinérante, qui va porter le théâtre "hors les remparts", dans les banlieues et villages autour de la Cité des papes.

Cette année, il ne pouvait mieux tomber, car Robin Renucci, familier du grand public grâce à la série "Un village français", est un ardent défenseur d'un théâtre citoyen qui va à la rencontre des populations. Il dirige d'ailleurs depuis 2011 "Les Tréteaux de France", l'unique Centre dramatique national à vocation itinérante.

"C'est un bonheur d'aller vers des publics qui pour certains ne sont jamais allés au théâtre, comme c'était le cas lors de notre répétition générale au collège Anselme Mathieu", a témoigné le comédien vendredi lors d'une conférence de presse présentant son spectacle.

Samedi, Robin Renucci a posé ses tréteaux à Sérignan du Comtat, près d'Orange. Suivront Sorgues, Caumont-sur-Durance ou encore Morières-lès-Avignon, avant un retour dans la Cité des Papes les 14 et 15 juillet, suivi de nouvelles pérégrinations jusqu'à la fin du festival.

"Lorsque la musique dite +savante+, les textes parviennent vraiment aux gens, c'est mission accomplie", souligne-t-il, rappelant qu'il s'agit là de la véritable vocation des Tréteaux de France.

- Madeleines de Proust -

De vocation, il en est beaucoup question dans les mots des auteurs classiques que le comédien et metteur en scène, accompagné au piano par le musicien Nicolas Stavy, fait revivre avec une incroyable présence dans la petite salle du collège Anselme Mathieu, ce vendredi soir.

Comme si, en ces temps où la vidéo, les moyens techniques sophistiqués ont gagné le théâtre, il fallait plus que jamais revenir à son essence même: des planches, un acteur, de la littérature, et un Steinway pour unique apparat.

Avec cette configuration d'une "sobriété luxueuse" comme la qualifie Robin Renucci, "L'enfance à l'oeuvre" est un spectacle qui prend son temps et en donne au spectateur. Du temps pour rêver, désirer, s'évader au gré des mélodies de Schubert, Tchaïkovski ou encore Schumann qui sont autant de respirations entre les textes.

Car pour Robin Renucci, "parler du désir de l'enfant, de l'attente, de l'ennui qui va l'aider à grandir, c'est aussi parler de cette société consumériste qui nous entoure". "Le temps, c'est essentiel chez l'enfant pour grandir, s'élever".

Cette mise en oeuvre émotionnelle et artistique qui se joue dans l'enfance, Robin Renucci s'en fait donc "le vecteur", juché tour à tour sur une chaise ou un pupitre géants, tels que peuvent les percevoir les yeux de l'enfant.

Et voici le spectateur adulte lui aussi invité à rejoindre un temps les bancs de l'école.

Car du petit Gary de +La Promesse de l'aube+, dont la mère s'évertue à découvrir le talent caché, au jeune Rimbaud la tête remplie de poux en passant par le narrateur de +La recherche du temps perdu+ évoquant le drame quotidien de son coucher, les madeleines de Proust sont partout pour qui sait les saisir.

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