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Toni Servillo incarne Jouvet dans son théâtre

Le comédien italien Toni Servillo, véritable star dans son pays, joue en italien le personnage de Louis Jouvet dans le théâtre dirigé par le grand acteur français jusqu'à sa mort en 1951, l'Athénée Louis Jouvet.

Toni Servillo, qui est capable d'incarner un moine énigmatique quasi silencieux dans "Les "Confessions", au cinéma à partir de mercredi prochain, prête ici sa voix au professeur de théâtre volubile d'"Elvire Jouvet 40", pièce écrite par Brigitte Jaques-Wajeman à partir des leçons de Jouvet et créée en 1986, déjà à l'Athénée.

Toni Servillo, qui a monté la pièce pendant trois mois à guichets fermés au Piccolo teatro de Milan, est ému de jouer dans le théâtre de Jouvet à l'Athénée. "C'est très important pour moi, parce que c'est la maison qui est identifiée à ce grand comédien", a-t-il confié à l'AFP.

"Jouvet est un patrimoine commun pour tous ceux qui font du théâtre avec amour, réflexion, sentiment et pertinence", estime l'acteur de "La Grande Bellezza". "C'est le seul acteur que je connais qui, immédiatement après la représentation, va dans sa loge et écrit ce qui se passe dans sa tête, dans son âme, et pour nous c'est un cadeau, un trésor immense de réflexion sur le métier."

On est en 1940, et la pièce, basée sur les notes sur les répétitions de "Don Juan" de Molière prises par Jouvet entre février et septembre 1940, est hantée par l'invasion allemande. La jeune Claudia de la pièce, qui répète le rôle d'Elvire, a bien existé. Elle s'appelait Paula Dehelly et a été dénoncée comme juive, quelques mois après avoir décroché les premiers prix de comédie et de tragédie du Conservatoire.

Toni Servillo, sans chercher à coller à la diction si particulière de Jouvet, ancien bègue, se met au service du texte avec fougue.

Sur scène, Claudia peine à interpréter Elvire, séduite et bafouée par Don Juan, qui vient supplier son ancien amant de s'amender. Il demande à la jeune comédienne d'écouter "ce minuscule espace en elle qui n'est pas l'intelligence" mais "le sentiment". "Il faut que le sentiment t'oblige à dire le texte. C'est tout l'art du comédien", lance-t-il.

On est subjugué par cette grande leçon de théâtre, très applaudie par le public en bonne partie italien. La pièce s'inscrit en effet dans un Festival italien à l'Athénée jusqu'au 29 janvier, avec trois spectacles, "Elvira", "Dolore sotto chiave" et Danza macabra".

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