Accueil Actu

Trans musicales: Nakhane, artiste sud-africain aux multiples facettes

Artiste sud-africain de 29 ans, Nakhane a offert mercredi soir une brillante facette de son indéniable talent de musicien et chanteur, entre pop et soul, pour la première soirée de la 39e édition des Trans Musicales de Rennes.

Aux côtés de ses deux musiciens aux claviers et à la batterie, Nakhane, excellent danseur tout de rouge vêtu, occupe la scène avec panache. Lui qui n'a joué qu'une seule fois en France il y a plusieurs années, s'est vu offrir la Carte Blanche du festival rennais par Jean-Louis Brossard, cofondateur et programmateur, qui avoue pourtant ne l'avoir jamais vu sur scène.

L'un des tremplins les plus en vue des Trans, un festival au talent de défricheur reconnu, la Carte Blanche permet à un artiste de présenter cinq soirs durant une création, après plusieurs jours de résidence, sur la scène de l'Aire Libre. Nakhane succède ainsi à une pléïade d'artistes alors en devenir, parmi lesquels Yann Tiersen, Stromae, Benjamin Clementine ou Fishbach l'an dernier.

"J'ai toujours pensé que je voulais être artiste et ma mère en était encore plus convaincue que moi", confie à l'AFP le jeune artiste, également comédien et romancier.

Affable et détendu avant la générale, très loin de l'image tourmentée que peuvent donner de lui certains de ses clips, Nakhane se réjouit d'avoir grandi dans une "famille très musicale", à Port Elizabeth. "La première musique que j'ai entendue, c'était les chorales de l'église" où chantait sa mère, explique-t-il.

-Farka Touré et David Bowie-

Après les chorales famiales sont venues les influences extérieures: Marvin Gaye, "une énorme part de mon héritage musical (...) je savais tout de sa vie", le Malien Ali Farka Touré, dont il reprendra pour un temps le nom de famille pour la scène, et sans doute encore plus, David Bowie.

"Bowie a changé ma vie. Il était si intrépide, tellement audacieux pour réaliser ce qu'il voulait quand il le voulait... Je me suis dit que je pouvais le faire aussi". D'ou sans doute sa créativité de ces dernières années: un premier album, "Brave confusion", en 2013, son premier roman, "Piggy Boy's Blues", inspiré de son parcours, en 2016, ou encore son premier film en tant que comédien dans "Les Initiés" ("The Wound" en anglais) de John Trengove, où il tient le rôle principal, en 2017.

Nakhane, qui appartient à la communauté Xhosa, sourit quand on lui dit que son univers apparaît sombre. "Je ne crois pas que ma musique soit sombre, c'est simplement une part de moi-même", commente-t-il. Pour composer à partir de ses 19 ans, à une époque où l'on se cherche encore, "je me suis replongé dans mes années de formation, la famille, l'enfance", dit-il. "J'étais heureux mais ce n'était pas toujours des moments heureux".

Le jeune homme, qui dévoile dans ses clips souvent emplis de sensualité sa plastique impeccable, affiche désormais sans complexe son homosexualité dans ses créations. "J'aurais pu me rendre la vie plus simple mais, quelque soit le problème qu'on cherche à fuir, plus on le fait, plus le problème enfle".

"La vie n'est pas un jeu, l'art pour moi n'est pas un jeu. Ca m'aide à survivre", souligne-t-il dans un sourire lumineux, le visage orné de boucles d'oreille et coiffé d'une casquette. "Si mon art peut aider aussi quelqu'un à survivre, alors, j'aurai fait mon boulot".

S'il a abandonné en début d'année le patronyme de Touré pour s'appeler désormais simplement Nakhane, ce n'est pas que son admiration pour le musicien malien ait faibli, "c'est juste que, maintenant, j'ai trouvé mon identité. Je n'ai plus à me revendiquer de quelqu'un. Je suis moi-même".

Nakhane vient de passer trois mois à Londres, où il a découvert les musiciens -un homme et une femme- qui l'accompagnent désormais. Son prochain album est prévu pour le début de l'année prochaine. "Les Initiés" est présélectionné pour les prochains Oscars. Son second roman est en chantier.

A la fin des Trans, Nakhane "rentre enfin à la maison"!

À la une

Sélectionné pour vous