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Un Syrien en lévitation, et la question des migrants surgit à Cannes

Un réfugié syrien en lévitation au-dessus de Budapest: avec "La lune de Jupiter", le Hongrois Kornél Mundruczó fait surgir le sujet brûlant de la crise des migrants dans la compétition cannoise, entre emprunts au fantastique et regard ironique sur la culpabilité et la foi.

Le film débute par le lâche assassinat d'un jeune Syrien cherchant l'asile, Aryan, par un policier hongrois. Trois balles dans la poitrine pour celui qui tentait de gagner l'Europe et paiera pour ses frères.

Au 70ème Festival de Cannes où la question des migrants est au cœur de plusieurs films, Kornél Mundruczó, 42 ans, déjà deux fois en compétition, fait le pari du fantastique: dans la boue de la zone frontière, Ayran ressuscite et tel un ange s'envole dans les airs.

Il découvre qu'il est doté d'un pouvoir de lévitation, point de départ de 02H03 de pérégrinations dans un Budapest lugubre et poisseux à souhait.

Dans un pays qui a été en première ligne de l'exode de centaines de milliers de demandeurs d'asile depuis 2015 et qui s'attire les critiques des défenseurs des droits de l'homme, le spectateur suit cette figure christique qui cherche à retrouver son père.

Clin d’œil biblique parmi d'autres de la part du réalisateur, le paternel est un charpentier, perdu de vue lors du passage de la frontière.

Si le fantastique est du côté de ce réfugié de Homs, joué par un jeune hongrois, Zsombor Jéger, le réalisateur choisit un réalisme sombre pour dépeindre les Budapestois qu'il rencontre: une galerie de pécheurs qui se débattent avec leurs propres turpitudes, dont le principal, le docteur Stern (Merab Ninidze) navigue entre bien et mal.

Le docteur Stern, qui soigne les migrants dans les camps où les autorités hongroises les parquent et se livre à de petits trafics sur leur dos, va prendre le chemin de la rédemption en sauvant Aryan, suspecté à tort d'avoir commis un attentat dans le métro de Budapest.

Amateur de mises en scènes léchées, ce réalisateur emblématique de la jeune scène hongroise livre un cinquième long-métrage à l'image soignée. La dernière partie multiplie les emprunts au film de genre, de la course poursuite au film catastrophe en passant par le film d'action policier, qui réjouiront les amateurs.

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