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Vrai ou faux meubles Prouvé? Un galeriste parisien mis en examen

Un galeriste parisien, accusé d'avoir vendu de faux meubles du créateur Jean Prouvé par trois confrères spécialistes du mobilier design, a été mis en examen mercredi, notamment pour contrefaçon, a-t-on appris auprès de son avocat et de source judiciaire.

Eric Touchaleaume, surnommé "l'Indiana Jones" du meuble design par la presse anglophone, était placé depuis quatre ans sous le statut de témoin assisté dans cette affaire qui empoisonne le milieu feutré du marché de l'art parisien.

Le marchand d'art de 61 ans, entendu mercredi par la juge Aude Buresi, sur le point de clore cette enquête ouverte en 2009, a été mis en examen pour "contrefaçon des œuvres de l'esprit", "faux et usage de faux" et "tromperie sur les qualités substantielles de la marchandise", a indiqué une source judiciaire.

A l'origine du litige, une vente chez Artcurial en avril 2008 : soupçonnant leur confrère, Patrick Séguin, Philippe Jousse et François Laffanour lui achètent, pour 213.000 euros, deux fauteuils et une table afin d'en vérifier l'authenticité.

Les relations entre les quatre galeristes, qui détiennent un quasi-monopole sur le marché Prouvé, s'étaient dégradées au fur et à mesure que la cote de l'architecte, mort en 1984, s'envolait. Plusieurs pièces ont récemment été adjugées plus d'un million d'euros.

Un expert désigné par le trio conclut à des faux et ils déposent plainte en avril 2009, entraînant cinq mois plus tard l'ouverture par le parquet d'une enquête, seulement révélée en mars par l'hebdomadaire Challenges.

"J'ai été interrogé et mis en examen uniquement sur le fait qu'on m'impute certaines négligences" notamment "dans la vérification des informations de provenance" qui ont "permis l'attribution du mobilier à l'œuvre de Jean Prouvé, et en aucun cas en relation avec une possible fabrication de faux mobilier", affirme Eric Touchaleaume dans un communiqué.

"Je reste totalement convaincu que les meubles que j'ai vendus en 2008 sont authentiques", assure le galeriste.

Se disant "victime d'un dénigrement systématique de la part des trois concurrents directs" dont il a "perturbé les pratiques d'entente commerciale", il a déposé le 27 février une plainte pour tentative d'escroquerie au jugement.

"Il n'y a pas d'entente illicite ni de volonté de nuire puisque mes clients n'ont jamais fait de publicité sur cette affaire", a réagi leur avocat, Christian Beer, "seulement une volonté de protéger le marché et les collectionneurs".

Les deux chineurs qui ont initialement vendu les meubles à Touchaleaume sont aussi mis en examen.

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