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Yann Arthus-Bertrand présente Human : "C'est un film duquel on ne sort pas indemne. On a beaucoup pleuré"

Le cinéma fait parfois réfléchir, nous force à nous poser des questions. C'est le souhait de Yann Arthus-Bertrand, invité du RTL info 13 heures pour présenter son film "Human".

Après nous avoir fait découvrir la planète autrement avec "Vu du ciel", après nous avoir alerté sur les dangers du réchauffement climatique dans "Home", le photographe et réalisateur nous plonge aujourd'hui dans le coeur de l'humanité avec le film "Human". La question du vivre ensemble, des relations que nous avons les autres sont posées.

"Qu'est-ce que c'est que de réussir sa vie d'homme? Qu'est-ce que c'est de mettre son humanité au-dessus de ses craintes, au-dessus de ses peurs ? D'accepter que l'autre soit différent ? Il a beaucoup d'utopie dans ce film, mais c'est un film duquel on ne sort pas indemne. Nous on n'en est pas sortis indemnes après ces trois ans de tournage : on a beaucoup pleuré, on a beaucoup ri, mais je crois qu'on est devenu un peu plus humain, je crois que c'est ce dont on a besoin aujourd'hui", déclare le réalisateur.

"On est le fantasme de ces gens qui n'ont rien"


Soixante pays ont été visités durant ces trois années de tournages, afin de recueillir de nombreux témoignages. Ces personnes s'expriment, face caméra, sur leurs inquiétudes ou de leurs espoirs. Certains interpellent le spectateur, mais aussi les dirigeants de la planète. Ils sont appelés à réagir sur la guerre, la pauvreté, la mort, la vie, mais aussi les réfugiés. Un sujet d'actualité qui l'interpelle particulièrement.

"Le monde est en train de changer, dit Yann Arthus-Bertrand. Moi j'habite dans le sixième pays le plus riche du monde et on est le fantasme de ces gens qui n'ont rien aujourd’hui. Si vous êtes au Mali, vous savez via votre ordinateur quel est le salaire, le SMIC, vous savez comment on vit, vous savez que la santé est gratuite, et vous ne rêvez que d'une seule chose, c'est d'y aller, parce que vous voulez un meilleur monde pour vos enfants. Donc vous quittez votre femme, vous quittez vos enfants et vous allez tout seul, sur un long chemin. Et je ne parle pas de ceux qui sont en Syrie où c'est la guerre."

"Il est trop tard pour être pessimiste"


Pour lui, cette crise migratoire n'est pas nouvelle, mais le touche profondément : "Vous savez, nous on n'a pas attendu de voir la photo du petit garçon sur la plage pour savoir ce qui se passait, parce que des gens qui se noient en Méditerranée, ça fait trs longtemps qu'on en parle, lance-t-il encore. Donc j'ai essayé de comprendre pourquoi ils partaient et j'ai été très ému de voir, l'autre jour en Allemagne, cette Allemande avec cette pancarte et avec ses enfants qui disait 'bienvenue aux réfugiés'. Cette personne mettait justement son humanité au-dessus de sa peur et de ses craintes."

Face à l'actualité, le constat du photographe et réalisateur est très simple : "On a trop. Je pense qu'il faut qu'on apprenne à partager, à donner. Vous savez, plus on donne, plus on reçoit", dit-il.

Il appelle donc les spectateurs à voir son film et à se poser des questions : "Ce film, c'est une grande question, ce n’est pas une réponse. Pourquoi aujourd'hui, après ces années, on est capables de se battre, de se faire la guerre comme on le fait. Est-ce que je peux être fier que mon pays soit le troisième vendeur d'armes au monde? On est très contents de vendre des rafales qui sont manifestement des objets de mort. C'est des questions que je me pose, c'est pour ça qu'on a été au Rwanda, au Cambodge, en Israël... C'est un film qui ne parle que d'amour en fin de compte."

L'avant-première du film Human aura lieu ce soir au Square au Mont des Arts à Bruxelles, en présence de Yann Arthus-Bertrand, qui compte réitérer son message : "Je crois à l'action, je ne suis pas dut tout pessimiste. Il est trop tard d'ailleurs pour être pessimiste."

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