D'où vient la folie des "amiibo" de Nintendo ?

Nintendo est sur la voie de la guérison depuis quelques mois. Alors que ses finances étaient mauvaises, que les Playstation 4 et les Xbox One se vendaient nettement mieux que sa Wii U, que les smartphones et tablettes remplaçaient toujours plus ses DS, une belle éclaircie a percé dans le ciel du géant japonais du jeu vidéo.

Elle s'appelle amiibo. Il s'agit du nom de petites figurines vendues 15€ par Nintendo, équipées d'une puce NFC (qui permet la communication entre deux appareils compatibles qui s'effleurent), et qui interagissent avec la manette de la Wii U - et bientôt avec la "New 3DS", dernière et lointaine descendante du Game Boy.

Comment ça marche ?

Le principe est simple: en les plaçant au-dessus du petit pictogramme NFC rectangulaire situé sous la croix de direction de la manette, les amiibo se connectent au jeu. "Les fonctions sont différentes selon les figurines et selon les jeux", nous a expliqué Veerle Van der Jeugt, responsable des relations presse de Nintendo pour la Belgique.

Super Smash Bros sur Wii U (jeu de combat en arène, regroupant de nombreux personnages de Nintendo) est le principal jeu avec lequel les amiibo sont compatibles. Elles y permettent d'invoquer à l'écran un combattant autonome, que le joueur peut entraîner, affronter, ou tout simplement regarder évoluer... mais pas contrôler.

Ces combattants commandés par l'intelligence artificielle de la console serviront par exemple, en les laissant affronter d'autres personnages, à récupérer des objets inédits du jeu. L'amiibo entraîné va devenir très doué, jusqu'à battre de "vrais" adversaires dans des tournois, comme le raconte ce site spécialisé.

Dans un autre jeu de Nintendo, Mario Kart 8, si vous passez une figurine devant son lecteur, cela va uniquement débloquer le costume associé pour votre avatar (le petit personnage virtuel que vous vous êtes créé dans le jeu). Rien d'extraordinaire.

Bientôt de nouveaux arrivages

Nintendo Belgique nous a confirmé que d'autres jeux compatibles allaient arriver, et d'autres vagues de nouvelles figurines.

"Le 20 mars, il y aura de nouveaux amiibo" liés à la "Super Mario Collection", nous a expliqué Veerle Van der Jeugt.

Idem le 24 avril prochain, avec encore d'autres personnages issus de l'univers Nintendo.

La collection avant tout

L'utilité ludique des amiibo est donc pour l'instant assez limité, et plutôt accessoire. Il n'est jamais nécessaire d'avoir ces figurines pour jouer à un jeu.

D'où vient cet engouement, dès lors ? De... la spéculation des collectionneurs. Certains estiment que ces figurines, dans leur emballage d'origine, vaudront un jour beaucoup d'argent.

Il faut dire que Nintendo a arrêté la production de certaines d'entre elles, notamment le villageois du jeu Animal Crossing, rendant la figurine "collector". Elle se vend plus de 50€ sur quelques sites.

Une légende urbaine

Ce qui a popularisé les amiibo, c'est également cette légende urbaine dans le métro de Moscou. Une personne se filme en train de déverrouiller un portique du métro grâce à sa figurine, comme s'il passait son abonnement.

En réalité, on voit une image verte et ensuite, une image rouge, avec la légende en russe: ça ne fonctionne pas. Mais des découpages ont été faits, et les réseaux sociaux se sont chargés de répandre la rumeur, enflammant la demande pour ces petits personnages.

 

?????? ? ????? ?? ?????. #amiibo #shittylifehacks

Une vidéo publiée par ???? ??????? (@yollych) le 27 Nov. 2014 à 12h14 PST

Une Princesse sans jambe: 25.000$

Il y a également des défauts de fabrication déjà célèbres. Un Samus (personnage du jeu Metroid) avec deux canons au lieu d'un se serait vendu 2.500$ sur eBay, et une Princesse Peach sans jambe aurait atteint les 25.000$, bien que rien ne prouve que les transactions aient finalement eu lieu.

Difficile également de vérifier l'authenticité des photos...

Enfin, à la sortie d'une nouvelle série d'amiibo, le bouche-à-oreille sur les réseaux sociaux décide de la valeur subitement importante d'une figurine, comme ce fut le cas avec le boxeur Little Mac du jeu Punch Out. Tout le monde s'est rué sur ce modèle, et du coup, on ne le trouve plus en dessous de 50€ sur des sites de revente.

5,7 millions d'amiibo en quelques mois

Un succès inattendu pour Nintendo, dont les figurines auraient pu être un flop. "En Belgique, comme ailleurs en Europe, les ventes sont bonnes", nous a confié Veerle Van der Jeugt, responsable des relations avec la presse de Nintendo Belgium, qui n'avait pas de chiffres précis à nous donner.

Selon le très sérieux site Bloomberg, il se serait vendu 5,7 millions de figurines entre le mois de novembre dernier et la fin du mois de janvier. A 15€ pièce, cela fait du chiffre d'affaire pour le géant japonais du jeu vidéo.

Reste à voir comment Nintendo va gérer la suite de du phénomène amiibo, qui pourrait n'être... qu'un phénomène de mode. Pour l'instant, le pionnier du jeu vidéo "se réjouit de cette plus-value que représentent les amiibo"...