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Gemalto, moins performant que prévu aux USA, s'écroule en Bourse

Gemalto s'écroulait mercredi à la Bourse de Paris après avoir averti que ses résultats seraient moins bons que prévu en 2017 en raison du ralentissement de ses ventes de cartes à puce aux Etats-Unis.

Vers 09H50 GMT, le titre du spécialiste de la sécurité numérique chutait de 20,57%, à 50,20 euros, sur Euronext dans un marché en léger repli.

Le groupe, "tenant compte de la tendance observée au premier trimestre" avec un chiffre d'affaires en recul de 7% à 9% à taux de change constants par rapport à l'an dernier, envisage "désormais un résultat des activités opérationnelles (pour cette année) à un niveau similaire à celui généré en 2016", détaille-t-il dans un communiqué.

Or Gemalto misait auparavant sur un bénéfice opérationnel compris entre 500 et 520 millions d'euros, soit une modeste progression par rapport aux 453 millions d'euros dégagés l'an dernier. Cet objectif avait déjà été révisé à la baisse en octobre, puisque le groupe tablait initialement sur 660 millions d'euros.

L'accès de faiblesse observé en ce début d'année est, selon l'entreprise, "principalement dû à l'activité +paiement+ plus faible qu'attendu aux Etats-Unis".

- Manque de visibilité -

Les consommateurs américains utilisent traditionnellement des cartes de paiement à bande magnétique, généralement sans code.

Mais suite à plusieurs scandales de fraude dans des magasins, les émetteurs de carte ont décidé d'adopter la technique de la carte à puce, jugée plus sure. Gemalto, spécialiste de ce produit, s'en réjouissait.

Pour inciter les magasins à s'équiper de terminaux compatibles, les émetteurs de cartes de paiement et les banques transfèrent petit à petit depuis 2015 la responsabilité de tout remboursement en cas de fraude aux propriétaires des terminaux non adaptés aux cartes à puces.

La migration vers la nouvelle technologie reste toutefois lente, touchant de plein fouet les ventes de Gemalto et de concurrents comme CPI Card ou Oberthur.

La division "Paiement" de l'entreprise française avait déjà affiché une croissance modeste en 2016 (+2%).

Et Gemalto a réévalué fortement à la baisse le marché des cartes de paiement outre-Atlantique pour 2017 "en raison des niveaux de stock de cartes EMV (cartes à puce, NDLR) chez nos clients au premier semestre".

Aussi cette division devrait "générer un chiffre d'affaires inférieur d'environ 100 million d'euros par rapport aux attentes initiales" cette année, estime Gemalto.

La société "étudie actuellement son plan d'actions pour minimiser l'impact" et prévoit de communiquer plus en détail lors de la publication de son chiffre d'affaires du premier trimestre, le 28 avril.

"Malgré l'intégration de l'activité biométrique de 3M (dont l'acquisition a été annoncée en décembre, NDLR) et la poursuite de la transformation de la société, de moins en moins exposée à la (puce) SIM et de plus en plus aux nouveaux métiers, cette rechute est préoccupante car elle marque la perte de visibilité totale du groupe sur un de ses principaux métiers", remarque Stéphane Houri, de Natixis, en soulignant que les cartes de paiement représentent encore 27% du chiffre d'affaires de Gemalto.

"Cela pose en fait la question de la prolongation d'une période durant laquelle le dynamisme des nouvelles activités restait masqué par le déclin des activité plus matures", ajoute l'analyste dans une note.

"Nous pensions sortir de cette période avec la décélération de la baisse des ventes de SIM. La chute des ventes de cartes de paiement nous replonge dans le doute", relève-t-il.

Les révisions à la baisse successives du groupe témoignent du "manque de visibilité" de l'entreprise, estiment également les analystes d'Invest Securities. Le fait que Gemalto modifie ses prévisions moins d'un mois après la publication de ses résultats annuels "illustre que la visibilité est peut-être même inférieure à six mois", ajoutent-ils.

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