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Inde: le PDG d'Infosys jette l'éponge

Le géant informatique indien Infosys a annoncé vendredi la démission de son PDG Vishal Sikka, sur fond de relations délétères avec certaines figures historiques de l'entreprise.

Cette annonce surprise a fait plonger l'action d'Infosys à la Bourse de Bombay. À la clôture des échanges, le cours du numéro deux indien des services informatiques avait dévissé de 9%.

"Ces derniers mois et trimestres, nous avons été la cible d'attaques fausses, dénuées de fondements, malveillantes et de plus en plus personnelles", a déclaré M. Sikka en remettant sa démission au conseil d'administration, selon des propos rapportés par un communiqué officiel.

Certains des quatre fondateurs d'Infosys, qui restent actionnaires de la société, avaient critiqué ces derniers mois l'action de M. Sikka, arrivé à ce poste en 2014. Leurs différends portaient sur des questions aussi diverses que la gouvernance de l'entreprise, des hausses de salaires pour la direction ou une acquisition d'entreprise.

Dans un email révélé vendredi par la presse indienne, l'un des fondateurs d'Infosys, Narayan Murthy, estimait par exemple que M. Sikka n'avait "pas la carrure d'un PDG".

Dans une manifestation de soutien au désormais ex-PDG, le conseil d'administration a déploré la démission de M. Sikka et l'"attaque incessante contre lui".

"Vient un moment où vous réalisez que cela fait souffrir l'entreprise, et vous fait souffrir vous", a confié l'intéressé lors d'une conférence de presse, qualifiant la situation d'"intenable".

Basé aux Etats-Unis, où le groupe réalise les deux tiers de son chiffre d'affaires, Vishal Sikka, 50 ans, était le premier PDG du groupe à ne pas être issu des rangs de ses fondateurs.

Le conseil d'administration a nommé UB Pravin Rao PDG par intérim, jusqu'à la désignation du prochain titulaire du poste d'ici au 31 mars 2018.

- Difficultés -

Les délocalisations de services informatiques en Inde ont contribué à créer une industrie qui constitue l'un des moteurs de la croissance du pays depuis 20 ans. Mais l'automatisation croissante, un manque d'assimilation des nouvelles technologies et la politique restrictive de visas des États-Unis mettent le secteur en difficulté.

La presse indienne rapporte régulièrement les licenciements de milliers de salariés tandis que des études prédisent la perte de centaines de milliers d'emplois au cours des quatre prochaines années.

L'industrie est dans l'obligation de se réformer si elle veut rebondir.

Sous son mandat, M. Sikka a mis l'accent sur des services comme l'intelligence artificielle ou l'informatique en nuage, qu'Infosys espère bien voir devenir des relais de croissance dans le futur.

Les propos de M. Sikka "indiquent qu'il y a eu une attaque ciblée contre lui qui a mené à sa démission, cela renvoie une mauvaise image de la société auprès des investisseurs", a déclaré à l'AFP l'analyste du secteur des nouvelles technologies Baburajan Kizhakedath.

La société basée à Bangalore (sud de l'Inde) a affiché une progression de 1,4% de son bénéfice net au premier trimestre de son exercice 2017/2018, à 34,83 milliards de roupies (473 millions d'euros).

Avec la libéralisation de l'économie indienne au début des années 1990, les entreprises occidentales ont délocalisé à tour de bras dans cette "Silicon Valley indienne" pour profiter du vivier d'une main-d'œuvre anglophone, qualifiée et bon marché. Ce boom a permis l'émergence de nouveaux champions nationaux comme Wipro, Infosys ou Tech Mahindra.

L'industrie emploie près de quatre millions d'Indiens et génère 150 milliards de dollars de chiffre d'affaires par an, selon le groupement d'entreprises informatiques indiennes Nasscom.

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