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Le bitcoin divise Wall Street

Le bitcoin divise Wall Street: "escroquerie" pour le PDG de la banque JPMorgan Chase, qui prédit son implosion, la monnaie virtuelle pourrait en revanche devenir un actif financier comme les autres, estime Goldman Sachs.

La banque d'affaires, symbole de la puissance de Wall Street, envisage en effet de spéculer sur le bitcoin pour le compte de ses clients, a indiqué lundi à l'AFP une source proche du dossier.

Goldman Sachs étudie la possibilité d'acheter et de vendre des bitcoins, ainsi que d'autres monnaies virtuelles, a détaillé cette source sous couvert d'anonymat. La firme pourrait constituer une équipe de traders spécifique, comme elle en a pour d'autres produits financiers comme les devises (dollars, euros, yens...), les actions ou les obligations.

La réflexion est encore à un stade préliminaire, a ajouté la source. Aucun calendrier n'a été arrêté et il n'est pas certain que la banque se lance finalement sur ce terrain, a-t-elle prévenu.

L'aventure dans le bitcoin, monnaie au cours très volatil, pourrait être une bonne opportunité pour Goldman Sachs dont le courtage autrefois fort lucratif traverse une période difficile. Près de 70 hedge-funds investissent actuellement dans les crypto-monnaies, selon le cabinet Autonomous Next, et chaque jour sont échangés pour environ 750 millions de dollars de bitcoins.

- Une 'escroquerie', une 'bulle' -

Si Goldman Sachs ouvre une salle de marché dédiée au bitcoin, celle-ci ne servira dans un premier temps que les clients institutionnels (fonds d'investissements, assureurs, grandes entreprises), dont une partie a approché récemment la banque pour lui demander s'il était possible d'effectuer des opérations en bitcoins à leur nom, a précisé à l'AFP la source proche du dossier.

La firme fait le pari que le bitcoin va devenir un moyen de paiement banal et non pas simplement un actif d'épargne.

"En réponse à l'intérêt des clients pour les crypto-monnaies, nous sommes en train d'explorer quel est le meilleur moyen de répondre à leurs demandes sur ce segment", a déclaré à l'AFP Tiffany Galvin, une porte-parole de la banque.

JPMorgan Chase, première banque américaine en termes d'actifs, semble prendre le chemin inverse. Jamie Dimon, son PDG, a déclaré en septembre que le bitcoin allait "imploser" car c'est une "escroquerie".

Le banquier le plus influent de Wall Street est allé jusqu'à avertir ses traders que ceux qui spéculeraient sur le bitcoin prendraient la porte. "Je les licencierais à la seconde. Pour deux raisons: c'est contre les règles et ils sont stupides et les deux sont dangereux", a prévenu Jamie Dimon, soutenu par Ray Dalio, le fondateur du puissant fonds Bridgewater associates pour qui le bitcoin est une "bulle".

JPMorgan exécute toutefois des ordres d'achats et de ventes liés au bitcoin passés par ses clients.

James Gorman, le PDG de Morgan Stanley, l'autre grande banque d'affaires américaine, est plus nuancé et juge que le bitcoin est "bien évidemment très spéculatif, mais pas foncièrement mauvais".

Les grandes banques se sont gardées jusqu'ici de toucher directement au bitcoin, considéré comme une monnaie utilisée pour des activités illicites, plébiscitée par les malfrats et autres trafiquants parce qu'elle échappe à tout contrôle des autorités.

Au quotidien, des magasins et commerces acceptent timidement des bitcoins, mais imposent des frais importants. C'est le cas par exemple dans deux restaurants français (Le Village et La Sirene) à New York, où il est possible de régler son repas en monnaie virtuelle.

Le 1er septembre, le bitcoin avait frôlé le seuil des 5.000 dollars, en s'affichant à 4.921,45 dollars, du jamais-vu, mais la volonté de la Chine d'interdire les opérations de marché en crypto-monnaies a freiné cette marche en avant. Aux États-Unis, le gendarme de la Bourse, la SEC, envisage de durcir l'arsenal règlementaire contre les fraudes financières liées au bitcoin.

Mais la "blockchain", technologie derrière le bitcoin qui utilise des blocs de transaction codés et authentifiés s'ajoutant les uns aux autres, est largement acceptée. Elle se décline de plus en plus dans le quotidien, notamment dans la sécurité alimentaire où elle permet la traçabilité des denrées alimentaires.

Elle est réputée infalsifiable car pour modifier une information, il faudrait la changer en même temps chez tous les utilisateurs. Et les grandes banques s'y intéressent parce qu'elle pourrait leur permettre de simplifier les transactions financières et de réaliser d'importantes économies.

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