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Intelligence artificielle: la France, en retard, cherche à se positionner

La France, un peu en retard, cherche à se positionner sur l'intelligence artificielle (IA), un domaine au fort potentiel mais qui suscite des craintes quant à son impact possible sur l'emploi.

Les initiatives privées et publiques se multiplient en matière d'intelligence artificielle, une science qui consiste à permettre aux machines de prendre des décisions complexes basées sur du big data (données massives) et des algorithmes.

Le gouvernement vient ainsi de présenter une feuille de route pour élaborer un plan stratégique.

"L'enjeu est de faire émerger une communauté IA française qui parvienne à faire collaborer directement les chercheurs les plus en pointe avec les start-up et les grands industriels", a indiqué vendredi lors d'un point presse, Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat au Numérique.

Pour se faire une place dans ce secteur dominé par des géants américains comme Facebook et Google, la France table notamment sur son réseau d'universités et de laboratoires de recherche.

"L'IA existe depuis 60 ans, en France, en terme de recherche, on a embrayé très rapidement et on est bien inscrit au niveau international", a souligné à l'AFP, Yves Demazeau, directeur de recherche au CNRS et président de l'Association française pour l'intelligence artificielle.

A tel point, que nombre de chercheurs français se font débaucher par des sociétés étrangères, notamment américaines.

Mais en ce qui concerne l'investissement, de grands pays comme les Etats-Unis et la Chine dominent la scène.

"La Chine est de très loin le premier investisseur en intelligence artificielle, aussi bien en terme de montants déclarés que de contributions sur les forums", a déclaré à l'AFP Gilles Babinet, entrepreneur et représentant des intérêts de la France auprès de la Commission européenne.

"La France est un pays qui paraît souvent en retard, mais qui rattrape assez bien, on l'a déjà vu pour la connectivité ADSL (internet haut débit) et le big data", a-t-il ajouté, précisant que l'on observait aujourd'hui le même phénomène sur l'intelligence artificielle.

- Fort potentiel 'disruptif' -

Derrière cette course à la technologie, se cachent notamment des enjeux de souveraineté et d'éthique.

"Si nous voulons être maîtres de la direction vers laquelle l'intelligence artificielle se tourne, il faut pouvoir la produire et participer à son développement", a souligné Axelle Lemaire, lors d'une journée de débat au Sénat, organisée par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst).

Mais si cette technologie suscite autant d'intérêt, c'est d'abord parce que son potentiel "disruptif" serait aussi important que celui d'internet. Son avènement devrait en effet entraîner des changements d'organisation au sein des entreprises et avoir un impact sur leur rentabilité.

"Si on est capable de créer un écosystème qui facilite les gains de productivité, on pourrait revivifier le tissu industriel et économique", a précisé M. Babinet.

Malgré des perspectives économiques positives, l'intelligence artificielle suscite beaucoup d'appréhension en France, en raison de l'impact qu'elle pourrait avoir sur l'emploi.

Différentes recherches ont été publiées sur le sujet et certaines, alarmistes, évoquent des taux de destruction d'emploi élevés, allant jusqu'à prédire la disparition d'un emploi sur deux d'ici une ou deux décennies.

En France, le Conseil d'orientation pour l'emploi a remis en janvier un rapport relativisant l'impact du numérique et estimant que moins de 10% des emplois sont "très exposés" aux mutations technologiques et risquent de disparaître, tandis que près de 50% pourraient voir leur contenu transformé.

"De notre point de vue, les technologies sont susceptibles de bouleverser les tâches, c'est-à-dire la façon dont chacun accomplit certaines activités", a expliqué Marie-Claire Carrère-Gée, présidente de cet organisme.

Les emplois les plus exposés à une destruction sont essentiellement des métiers manuels peu qualifiés (caissiers, ouvriers non qualifiés). Ceux susceptibles d'évoluer concernent surtout les services (chauffeurs, aides à domicile).

"La question pour les pouvoirs publics c'est de diminuer le nombre d'emplois détruits et de faire en sorte que les mécanismes de compensation se déclenchent le plus vite possible", a-t-elle souligné.

A terme, les professions plus qualifiées, telles que les comptables ou les médecins, pourraient également être concernées. Pour faire face à la problématique de l'emploi, les modèles éducatif et de formation devront s'adapter à cette nouvelle donne.

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