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Les tensiomètre, oxymètre de pouls et glucomètre connectés sont-ils des gadgets ? Voici ce qu'en pense un médecin

A l'heure du 'tout connecté', il est temps de s'intéresser à notre santé, et aux appareils qui permettent d'analyser notre corps. Du bracelet à la balance en passant par le tensiomètre et le glucomètre, il est désormais possible d'arriver chez son médecin, et de lui montrer une application qui rassemble les derniers résultats. Mais cela est-il bien utile ?

Vous l'avez remarqué: tous nos objets sont désormais connectés, ou au moins connectable. L'intérêt est toujours le même: faciliter le contrôle qui peut se faire à distance (via smartphone, par exemple), améliorer les options de configuration, faire communiquer entre eux ces objets connectés, etc...

Mais cette recette s'applique-t-elle aux petits appareils permettant de surveiller sa santé, qui se sont démocratisés ces dernières années, et qui sont présents dans certains foyers ?

 
 De quoi parle-t-on ?

Pour le savoir, nous avons discuté avec la société iHealth, qui existe depuis 2009. Elle a été créée dans la Silicon Valley par un grand groupe chinois qui fabrique des millions de tensiomètres, dans le but d'être l'un des pionniers dans le domaine de la santé connectée. En 2013, elle s'est installée également à Paris, pour se rapprocher du marché européen.

"La santé connectée, c'est complètement nouveau", nous a confirmé Anne Boché-Hiag, responsable de la communication. "C'est une nouvelle catégorie de produits, et il y a une certaine prise de conscience chez les gens, qui comprennent que cela peut les aider".

IHealth commercialise plusieurs appareils de mesure dédiés à la santé: cela va du bracelet d'activité au glucomètre (pour mesurer le taux de sucre dans le sang, indispensable pour les diabétiques), en passant par les pèse-personnes, les tensiomètres et les oxymètres de pouls (qui mesurent le rythme cardiaque et le taux de saturation d'oxygène dans le sang, important pour les personnes souffrant d'insuffisance respiratoire).

Les objets les plus vendus sont "la balance et les bracelets", nous a-t-on expliqué chez iHealth. Le citoyen est plutôt frileux à l'idée de s'équiper d'appareils plus orientés "suivi de la santé", ou plutôt "suivi des symptômes". Les chiffres de vente n'ont pas été communiqués, mais on a bien compris qu'on était seulement à l'aube de la santé connectée...

Si on dit que ces objets sont connectés, c'est parce qu'ils communiquent avec une application pour smartphone ou tablette - il y a une application à part pour le glucomètre. Cette appli rassemble de manière très lisible les résultats obtenus par les analyses, mais surtout, elle conserve un historique complet des résultats. C'est cela qui intéresse les médecins.

Qu'en pense un médecin généraliste ?

Luc est médecin généraliste dans le Brabant wallon. A 61 ans, il a une longue expérience du suivi médical des patients atteints de certains types de maladie. Nous lui avons présenté les tensiomètre, oxymètre de pouls et glucomètre connectés.

"Ça me parait intéressant dans la mesure où souvent, pour les patients qui en ont besoin, je leur demande de prendre leur tension régulièrement, et de la noter", afin de pouvoir surveiller l'évolution lors de la consultation.

"Si tout est enregistré dans une application, c'est sans doute plus pratique et ça évite les pertes de petits papiers, ou les oublis".

Ce médecin n'est pas du genre alarmiste, et tempère rapidement: "tout le monde ne doit pas s'en équiper, seulement ceux qui ont des problèmes cardiovasculaires ou respiratoires; et les diabétiques".

Attention à ne pas devenir hypocondriaque

Si on est en bonne santé, "il ne faut certainement pas commencer à prendre sa tension ou son rythme cardiaque tous les jours, et surtout pas son taux de sucre".

Selon Luc, cela aurait comme effet néfaste "de rendre parano", et le but n'est pas "d'avoir encore plus d'hypocondriaques qui viendraient en montrant un résultat inhabituel".

Les hypocondriaques sont les personnes qui craignent en permanence d'avoir une maladie grave, et qui interprètent le moindre symptôme comme le signe d'un cancer (pour caricaturer).

"Pas là pour remplacer le médecin"

Il existe plusieurs applications iHealth, dont une pour le médecin, qui peut dès lors "se connecter" aux patients et recevoir automatiquement leurs résultats d'analyse lors de la consultation ou de la visite.

Des efforts sont également faits pour intégrer directement les résultats dans les logiciels informatiques utilisés par les médecins (c'est obligatoire depuis quelques années en Belgique). Mais la tâche est fastidieuse car "chaque pays à plusieurs logiciels différents", nous a expliqué Anne Boché-Hiag. De plus, en Belgique comme en France, la majorité des frais médicaux sont pris en charge par la sécurité sociale. Les gens n'hésitent donc jamais à aller chez le médecin, à visiter un spécialiste.

"Dans les autres pays, la prévention est plus importante car les soins de santé coûtent très chers". C'est dans ces pays-là que iHealth espère convaincre davantage de gens de s'équiper de ses appareils de santé connectée, pour surveiller ses symptômes avant d'aller faire des visites de routine chez le médecin. Même si "jamais on prétendra remplacer le médecin, on travaille avec, on lui fournit des informations".

Et dans 20 ans ?

A terme, dans 10 ou 20 ans, avec l'explosion du 'big data' (un concept qui consiste en l'analyse des données informatiques de masse, pour faire parler les chiffres), il n'est pas impossible que l'application puisse déduire immédiatement les symptômes à partir de l'ensemble des analyses des appareils de santé connecté.

Imaginons que vous soyez très équipé et que vous mesuriez régulièrement (voir automatiquement, si les appareils deviennent plus performants et sont rassemblés dans un petit bracelet) vos données de santé: il est tout-à-fait possible qu'une application bien faite vous alerte immédiatement d'un problème, en combinant l'évolution de votre poids, votre tension, votre rythme cardiaque et votre activité physique ou votre sommeil.

Mais ça n'est pas pour tout de suite. "On sait où l'on se situe: on ne dit pas comment il faut soigner, on est là pour les données", a conclu iHealth, dont le concurrent principal est Withings, une société française récemment rachetée par Nokia.

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