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Shelterr, un nouveau site immobilier "100% belge" où vous cherchez sur une carte: peut-il concurrencer Immoweb?

Benjamin Wayenberg est l'un des fondateurs de ce nouveau site web d'annonces immobilières, qui a une approche originale – et 100% belge – du concept. Nous l'avons rencontré.

Inutile de vous le dire: le marché de l'immobilier est l'un des piliers de notre économie. C'est pour une maison ou un appartement que la plupart des Belges s'endettent lourdement pour 20 ans, parfois plus.

Du côté des professionnels, c'est une mine d'or: les commissions sur une vente se chiffrent souvent à plusieurs milliers d'euros. Quant aux autorités publiques, faut-il vraiment parler des "droits d'enregistrement" qui varient entre 7 et 12% selon les biens et les régions ? Non, il vaut mieux ne pas y penser...

Bref, il y a beaucoup d'argent en jeu.


Aujourd'hui, comment fait-on ?

Depuis l'avènement des technologies de l'information et de la communication (les fameuses TIC), le marché de l'immobilier est bouleversé. Quand on cherche un bien, désormais, on ne regarde plus les petites annonces du style "1 bel App. 3 gd Ch à 1030".

On va sur un site web (Immoweb ou Immovlan sont les plus connus), on entre ses critères de recherche (prix, taille, situation, etc) et on admire la liste des biens, avec de nombreuses photos et de longues descriptions.

Les vendeurs, qu'ils soient particuliers ou professionnels (agences), utilisent bien entendu ces sites, de manière gratuite ou payante. Une dizaine de minutes et votre bien est encodé. Contre une quarantaine d'euros, il restera visible plusieurs semaines (sur Immoweb).


Un petit nouveau 100% belge

Heureusement, de nouveaux acteurs arrivent sur ce marché des sites immobiliers. Parfois, c'est une pâle copie de ce qui existe. Parfois, c'est une opportunité pour repenser un peu le concept. C'est le cas de Shelterr, un site "100% belge" en plein développement, dont les bureaux sont basés au cœur de Bruxelles.

"Nous sommes trois actionnaires de 29 à 32 ans, et il y a une quinzaine de personnes, avec des statuts différents – dont des CDI – qui travaillent pour nous", nous a confié Benjamin Wayenberg, l'un des fondateurs du projet.

Si Benjamin "a l'idée en tête depuis très longtemps", il a fallu attendre le début de l'année 2014 pour que son projet de nouveau site web immobilier se concrétise. Cet ingénieur de gestion de Solvay a mis ses activités entre parenthèses pour se consacrer à fonds sur Shelterr. "J'ai une passion pour le web et à l'aube de mes 30 ans, je me suis donné deux ans" pour faire de ce site un grand succès.

Les premières impressions (l'automne dernier) étant bonnes, Shelterr a levé des fonds auprès d'un investisseur allemand spécialisé, pour se développer plus rapidement. "L'aide publique est pratiquement inexistante" ou mal adaptée en Belgique, a-t-on entendu une fois de plus, hélas.


En quoi Shelterr est-il original ?

En simplifiant les choses, on pourrait dire que le fond est identique (un site web pour acheter ou vendre une maison), mais que la forme a été complètement repensée. La principale différence par rapport à la concurrence, "c'est l'interface innovante: on a inversé le processus".

Shelterr part en effet du principe, et il a sans doute raison, qu'on commence souvent par chercher un bien dans une région précise. Lorsqu'on arrive sur le site, l'accroche centrale est "Dites-nous où vous voulez vivre".

Après avoir entré une ville ou un code postal, une carte intelligente apparait, les biens en vente affichant directement leur prix – un peu comme Airbnb, si vous connaissez.

En arrière-plan, il s'agit de Google Maps, avec la précieuse fonction Streetview qui vous permet de voir immédiatement à quoi ressemble la rue, le voisinage, etc...

Et en avant-plan, il y a un tas de fonctionnalités intuitives pour filtrer (prix, dimensions, etc), ou pour personnaliser la zone de recherche: on peut dessiner sa région cible, entre plusieurs communes par exemple.

On est donc plongé dans le quartier, et on sait où on est en train de chercher. Alors qu'Immoweb, par exemple, se contente de lister des biens par communes (parfois, l'adresse n'est pas disponible et il faut contacter le vendeur !).

Dès que vous cliquez sur un prix, les infos de base du bien s'affichent sous forme d'aperçu. Il ne faut pas, comme c'est le cas sur les autres sites, ouvrir une nouvelle page et perdre parfois du temps pour se rendre compte que ce n'est pas du tout ce qu'on cherche.

Bref, c'est agréable à utiliser, et la navigation est intelligente.

"On a essayé de rendre les recherches plus simples, plus rapides et plus 'user friendly'", a confirmé Benjamin Wayenberg.


D'où vient l'argent ?

Si tout cela est beau et pratique, cela coûte forcément cher. Or, pour les vendeurs, les annonces de base sont gratuites, "et ça le restera". Il y a bien entendu des packs payants pour plus d'options et de visibilité, mais ils ne sont pas obligatoires. Mais alors, d'où vient l'argent ?

Principalement des professionnels (les agences), qui peuvent souscrire à des packs spéciaux avec mensualités. "C'est dans les détails qu'on se démarque, on a mis au point un tas de fonctionnalités et de subtilités pour rendre les choses plus pratiques. Il y a une gestion poussée des biens, des mises en ligne rapides et d'autres opérations administratives simplifiées".

Selon Benjamin, qui connait bien le domaine, "les agences veulent se concentrer sur leurs activités commerciales", et aimeraient donc perdre le moins de temps et d'argent possible dans la gestion informatique et technique des leurs annonces. "Nous, on rationnalise le processus".

A terme, on peut imaginer que les agences cessent d'entretenir leur propre site web avec annonces et délèguent cette tâche à Shelterr (ou ses concurrents...).

A cela s'ajouteront, bien entendu, des revenus publicitaires. "Mais ce sera davantage de la publicité plus ciblée, plus intuitive", que des traditionnelles bannières. De la publicité intelligente ? On attend de voir...


De l'ambition

Shelterr, qui débute bien en Belgique – même s'il n'y a pas encore beaucoup d'annonces – vise déjà le développement international. "On s'étend de façon concentrique. D'abord la Belgique, la France et le Luxembourg. Ensuite l'Allemagne, etc".

Pour y arriver, un important budget marketing est disponible. "Il va y avoir des spots à la TV, à la radio et sur le web. On a déjà commencé le travail de référencement".

C'est tout ce qu'on souhaite à cette start-up qui, de plus, privilégie le "in house", le fait-maison. Le développement du site, le marketing, la gestion: tout est fait par les fondateurs et leur équipe basée à Bruxelles. Rien n'est "outsourcé", comme on dit, "car on veut bien faire les choses", a conclu Benjamin Wayenberg.

Et en ces temps de délocalisation à tout va, cette approche est la bienvenue.

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