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Softbank: stratégie floue après l'échec de la fusion Sprint et T-Mobile

Le japonais Softbank a publié lundi des résultats semestriels contrastés, sans dissiper le flou sur sa stratégie future après l'abandon du projet de fusion de sa filiale américaine de téléphonie mobile Sprint avec son concurrent T-Mobile.

Le bénéfice net du groupe de télécommunications s'est inscrit en forte chute au premier semestre, en raison d'un effet de comparaison défavorable sur un an où il avait profité de gains exceptionnels, tandis que le bénéfice opérationnel et les ventes se sont maintenus en hausse.

Le bénéfice net a fondu de 86,6% à 102,62 milliards de yens (773 millions d'euros au cours actuel), selon un communiqué. L'an dernier à la même période, il avait été gonflé par la vente au chinois Tencent de Supercell Oy, concepteur finlandais de jeux vidéo pour smartphones.

Son chiffre d'affaires d'avril à septembre a totalisé 4.411,1 milliards de yens, en légère progression de 3,3% sur un an, grâce à sa filiale Sprint (+4,1%), mais aussi à Yahoo Japan, à son activité de distribution et à sa filiale britannique ARM, concepteur de puces électroniques acquis en 2016.

Dans son important segment de téléphonie mobile au Japon, les ventes ont en revanche baissé de 1,6% sur un an à 1.528,9 milliard de yens.

Le bénéfice opérationnel du groupe est ressorti en hausse de 35,1% à 874,8 milliards de yens, grâce notamment à son fonds d'investissement dans les nouvelles technologies Softbank Vision Fund (SVF).

Sans SVF, le bénéfice opérationnel a augmenté de manière plus modeste sur le semestre écoulé (+6,4%), là aussi grâce à Sprint, tandis que ses autres activités ont vu leurs performances opérationnelles décliner, notamment son activité de téléphonie mobile au Japon, où la concurrence tire les prix à la baisse.

- Toujours rien de concret sur Uber -

Softbank a annoncé samedi l'abandon du projet de fusion de sa filiale Sprint, quatrième opérateur de téléphonie mobile américain, avec T-Mobile, numéro trois du secteur aux Etats-Unis et filiale de l'allemand Deutsche Telekom, faute d'accord sur des termes acceptables par les deux parties.

Le groupe japonais s'est empressé lundi de rappeler l'importance de Sprint dans sa stratégie, indiquant qu'il comptait désormais augmenter sa part au capital de cette filiale à près de 85%, contre 83% actuellement, mais sans aller au-delà.

Sprint a par ailleurs annoncé ce week-end un accord avec le groupe français de télécommunications et de médias Altice, dont la filiale américaine Altice USA pourra utiliser le réseau de Sprint pour fournir des services mobiles à ses clients.

Soucieux de se diversifier, Softbank investit à tout va depuis plusieurs années dans des secteurs technologiques allant bien au-delà de son coeur de métier, la téléphonie mobile: dans la robotique avec le rachat notamment du français Aldebaran, dans le commerce en ligne avec l'acquisition de parts du géant chinois du secteur Alibaba, ou encore dans les services de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC).

Softbank songe toujours à investir dans le géant de ce secteur, Uber, a rappelé lundi son très médiatique PDG, Masayoshi Son, sans toutefois faire part d'avancées dans ce dossier.

"Nous devons regarder le prix et les conditions" d'un éventuel investissement dans Uber, a dit M. Son, n'excluant pas, en cas d'échec des négociations, de se rabattre sur le rival Lyft, selon des déclarations en conférence de presse rapportées par l'agence d'informations financières Bloomberg.

M. Son a aussi estimé lundi que la vaste purge au sommet du pouvoir et des affaires menée samedi soir en Arabie saoudite ne remettait pas en question l'activité du Softbank Vision Fund, dont le capital atteignait fin septembre 97,7 milliards de dollars, dont près de la moitié provenant d'un fonds souverain saoudien.

Sans l'alliance avec T-Mobile, la question du financement des immenses investissements à venir dans le réseau de Sprint tout en remboursant ses dettes se pose avec encore plus d'acuité.

Désormais, peut-être que Masayoshi Son "doit abandonner ses autres options stratégiques et simplement investir aux Etats-Unis pour rendre compétitifs le réseau et la marque Sprint", a estimé Walt Piecyk, un analyste chez BTIG LLC cité par Bloomberg.

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