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TEST: notre avis sur l'étonnante Nintendo Switch, console portable ou console de salon ?

Elle a le look d'une grosse tablette dédiée au jeu vidéo, mais il suffit de retirer les manettes clipsées sur les côtés, et de la déposer sur son socle, pour qu'elle se transforme en console de salon. Le pari – osé – est-il réussi ? RTL info a pu tester la dernière console de Nintendo, la Switch, vendue 329€ sans jeu.

Référence du jeu vidéo pendant de longues années, Nintendo a eu du mal à faire perdurer le succès de sa console de salon, la fameuse Wii sortie en 2006. La Wii U (2012), un peu plus complexe à appréhender avec sa manette console, n'a clairement pas connu la même gloire. Certains dirigeants de Nintendo ont évoqué un "échec nécessaire", au moment du lancement de la nouvelle console du géant japonais.

Entretemps, malgré le déclin inévitable et de plus en plus rapide de sa console portable (les DS sont appelées à disparaître, remplacées progressivement par des smartphones), Nintendo a enfin entamé sa transition vers le jeu vidéo sur mobile: Pokémon Go, une licence Nintendo, a connu un énorme succès sur smartphone, tandis que Super Mario Run, malgré son prix élevé (10$ pour l'ensemble des 'mondes'), a également beaucoup fait parler de lui.

C'était donc le timing idéal pour le lancement d'une nouvelle console. La Switch a donc été présentée il y a quelques jours par Nintendo. Comme elle en a l'habitude et pratiquement l'obligation, la marque a imaginé une nouvelle manière d'envisager le jeu vidéo.


Trois façons de jouer à la console

Console 'portable' ET 'de salon'

Switch signifie "changer, échanger" en anglais. Et c'est en effet ce que permet de faire cette étrange console, qui finalement remplace à la fois la Wii U et la DS. Nintendo dit qu'elle est "une console portable de salon". Mais c'est aussi une "console de salon qu'on peut utiliser en mode portable".

Question de point de vue, même si la technologie embarquée dans cette tablette tactile (6,2 pouces ; 1.280 x 720 pixels) est issue du monde mobile: puce Nvidia dérivée du Tegra X1 (qu'on a déjà vu dans la tablette Pixel C de Google par exemple), 4 Go de RAM, 32 Go de stockage interne flash (avec port microSD) et une batterie lithium-ion de 4.310 mAh.

La Nintendo Switch est également une console modulable. Les petits contrôleurs, appelés 'Joy-Con', peuvent se clipser sur les côtés de la console lorsqu'on est en mode 'portable', être utilisés séparément comme deux petites manettes en mode 'salon', ou même être réunis dans un support ('Joy-Con Grip', env. 30€) pour en faire une manette plus traditionnelle, capable de plus de charger les deux 'Joy-Con'.

Elle est donc à la fois 'portable' et 'de salon', même si, comme vous le verrez dans les conclusions, elle est techniquement plus proche de la première catégorie. Son prix de lancement est de 329€, sans jeu (prix constaté à la Fnac en Belgique)


La 'Joy-Grip' est un accessoire à une trentaine d'euros...

Une rapidité sans équivalent dans le monde des consoles

Nintendo a très bien travaillé sur la transition entre les différents modes. On passe de l'un à l'autre de manière extrêmement fluide. Le mode 'salon', le plus traditionnel, s'enclenche dès que la console est insérée (ou plutôt déposée) dans son support vertical, qui est lui relié à la TV avec un câble HDMI, tout en rechargeant la Switch.

Dès qu'on enlève la Switch (il suffit de la soulever, il n'y a pas de clips) de ce support, elle passe en un éclair en mode 'tablette'. Il n'y a pas de changement de mode apparent, de manipulation à faire. C'est instantané, et un enfant peut donc poursuivre une partie dans sa chambre pour laisser la télévision du salon à ses parents, par exemple.

Nintendo évoque un troisième mode: en ouvrant la béquille de la Switch, on peut la déposer sur une table et jouer seul ou à deux en la regardant. Plus compliqué car la béquille ne propose qu'un seul angle de vision, et semble un peu petite et légère pour résister au moindre coup sur la table.

Quel que soit le mode utilisé, ce qui nous a le plus frappé durant notre test, c'est la rapidité d'exécution de la Switch, et du lancement des jeux. Même le titre phare Zelda Breath of the Wild (voir plus bas), un monde ouvert assez grand, se lance en quelques secondes. De manière générale, que ce soit le lancement de la console ou des jeux, il ne faut jamais attendre plusieurs minutes de chargement, comme c'est le cas de la grande majorité des jeux PS4 et Xbox.

C'est sans équivalent à l'heure actuelle dans le monde des consoles de salon, et c'est une preuve supplémentaire qu'il nous semble plus judicieux de parler de "jeu mobile qu'on peut afficher sur la TV".


Malgré des graphismes de dessin-animé, Zelda offre une ambiance très réussie

Que valent les premiers jeux ?

La critique principale qu'on peut faire à la Nintendo Switch est la pauvreté de son catalogue de lancement, que ce soit sur support physique (de toutes petites cartouches) ou via la boutique en ligne.

Pour garder un côté "fun et familial" qui lui colle à la peau, Nintendo a développé le jeu 1, 2, Switch, que l'utilisateur devra cependant acheter (env. 45€), car la console est vendue actuellement sans aucun jeu. Ce jeu est avant tout une vitrine technique des possibilités des Joy-Con, équipés d'un gyroscope, d'un accéléromètre et d'un système de vibration avancé. Pour ne pas trop décevoir les fans de la Wii et du "jeu en mouvement" pourtant abandonné un peu partout, Nintendo propose donc des petits jeux à deux où il faut faire preuve d'une adresse très relative avec une des deux manettes en main. Etrangement, les petits défis de 1, 2, Switch se jouent sans regarder la TV ou la console: les deux joueurs (min.) doivent se faire face. Mais que ce soit pour le duel de cow-boy, le ping-pong ou la course au drapeau, l'intérêt est très pauvre et on regretterait presque le bon vieux bowling de la première Wii. En gros, il faut bouger le Joy-Con au bon moment, ou très vite. Et ça dure quelques secondes. Passons...

Nous avons également pu essayer Snipperclips, un jeu "puzzle/réflexion/casse-tête" nettement plus intelligent, où il faut déplacer et manipuler des formes géométriques. C'est plutôt sympa, même si ça fait fort penser à un jeu sur smartphone/tablette dans l'idée. Le jeu est collaboratif, on peut donc s'y mettre à plusieurs si on veut.

Mais à l'heure actuelle, avant les fameuses licences Nintendo que sont Super Mario, Mario Kart et consorts (prévues plus tard dans l'année), seul Zelda: Breath of Wild vaut la peine d'investir dans la Nintendo Switch. Et il est le meilleur porte-drapeau qu'on puisse imaginer. Sans avoir la puissance graphique des grands jeux sur Xbox et PS4, le nouveau Zelda (env. 52€) est complètement bluffant au niveau de son ambiance visuelle et sonore. Dès les premières minutes de jeu, plongé dans le monde ouvert d'Hyrule, on se prend des claques en vue subjective, observant Link qui contemple les ruines de son pays, 100 ans après un "sommeil" profond. Le chant des oiseaux, le vent qui balaie les herbes hautes du plateau sur lequel commence la grande aventure... un vrai bonheur. Vous lirez des tests détaillés dans la presse spécialisée, mais sachez que ce jeu d'aventure justifie en effet à lui seul l'achat de la Nintendo Switch.


Une fois dans son socle (fourni), la Switch se veut 'console de salon'

Notre verdict

Nintendo est au tournant de son histoire, et doit se trouver une place auprès des joueurs qui cherchent la puissance des gros PC de gamers, et ceux qui se contentent d'une petite partie sur smartphone. Une position d'équilibriste que la Switch, mi-portable, mi-console de salon, parvient à atteindre, remplaçant à terme la Wii U et les diverses DS de Nintendo.

Soyons clair dès le départ: le plus gros avantage de cette console est d'offrir une grande flexibilité dans la manière de jouer. En un instant, on passe d'un mode 'salon' traditionnel (TV + canapé) à un mode portable, en soulevant simplement la console de sa station d'accueil. Elle devient alors un genre de tablette tactile "spéciale jeu vidéo de Nintendo", avec des contrôleurs qui viennent se fixer sur les côtés. C'est très pratique et très efficace.

L'autre grande qualité de la Switch, c'est qu'elle s'est inspirée du jeu vidéo sur mobile pour concevoir une interface simple, épurée et très rapide, permettant de lancer des jeux en quelques secondes. Sa mise en veille / sortie de veille est du même acabit: en deux secondes vous reprenez votre partie de Zelda. Elle envoie dans les cordes toutes les consoles de Sony et Microsoft, qui mettent des plombes à s'allumer, et presque autant à lancer un jeu.

Deux beaux arguments qui semblent porter leurs fruits, car la console se vend très bien, mais qui sont ternis par quelques défauts. Tout d'abord la pauvreté du catalogue actuel, et la déception face au jeu "maison" de la console, 1,2 Switch, pas du tout convainquant de son rôle de "jeu fun et familial à jouer en mouvement".

Ensuite, la qualité d'image sur la TV est décevante. Les couleurs (l'herbe de Zelda qui devient vert fluo) sont clairement brûlées, et il y a vite un manque de rafraîchissement de l'image qui se fait sentir. Image qui peine à atteindre le 1080p, et qui est donc parfois en-dessous. Les pixels ont tendance à se voir sur les dalles de 50 pouces et plus, une taille qui se généralise dans nos foyers. On est très loin de la qualité technique de la PlayStation Pro par exemple (vendue 399€, il est vrai), et on se demande si Nintendo n'a pas vu un peu juste pour une console de 2017...

Mais c'est le prix à payer pour concentrer la puissance de la machine dans une tablette de jeu...


 
 
 
 
 
 
 

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