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Tim Armstrong, homme fort d'AOL et spécialiste de la publicité

Souvent comparé ou opposé à la patronne de Yahoo! Marissa Mayer, le patron d'AOL Tim Armstrong est un spécialiste de la publicité en ligne apprécié des investisseurs, mais dont le style parfois abrupt ne fait pas toujours l'unanimité.

C'est en partie pour s'adjoindre ses talents que Verizon avait racheté AOL en 2015, et beaucoup d'observateurs voient dans ce brun de 44 ans au visage ciselé le futur homme fort dans le rapprochement avec le coeur de métier de Yahoo!, dont le même Verizon a annoncé l'acquisition lundi.

Tim Armstrong est à la tête d'AOL depuis 2009. Le propriétaire du groupe internet à l'époque, Time Warner, l'avait débauché chez Google, son PDG Jeff Bewkes décrivant sa nouvelle recrue comme "un pionnier de la publicité, avec une réputation exceptionnelle".

Chez Google, où il a passé près d'une décennie, Tim Armstrong a notamment contribué à mettre en place la plateforme publicitaire AdSense.

Et il est considéré comme l'un des premiers à avoir compris l'avenir de la publicité dite programmatique, qui utilise des logiciels et des algorithmes pour vendre des espaces sur des sites internet et cibler en temps réel une annonce adaptée au profil d'un utilisateur.

Tim Armstrong partage le statut d'ancienne étoile montante de Google avec Marissa Mayer. Il avait rejoint ce groupe en 2010, un an après elle. Ils s'y sont côtoyés plusieurs années, avant de partir tous les deux diriger un ex-fleuron américain d'internet en difficulté. Et comme elle, il avait accédé grâce à ses succès précoces à la liste de Fortune des 40 personnes de moins de 40 ans à surveiller dans le monde des affaires.

Leurs profils sont toutefois différents. Diplômé en économie et sociologie de l'université de Connecticut (nord-est), Tim Armstrong a débuté sa carrière dans le journalisme avant de s'intéresser à internet et à la publicité en ligne, et il avait surtout des activités commerciales chez Google.

Marissa Mayer, sortie de la prestigieuse université californienne de Stanford (ouest), est une ingénieure brillante qui se concentre surtout sur les produits destinés au grand public.

Certains médias affirment aussi que les deux patrons ne s'apprécient guère, avec notamment des tensions lors de leur période commune chez Google.

- Relance d'AOL -

En 2009, beaucoup d'observateurs avaient jugé que Tim Armstrong prenait un énorme risque en quittant Google pour rejoindre une entreprise qui perdait de l'argent et dont l'heure de gloire sur internet semblait passée depuis longtemps.

Le nouveau patron d'AOL a commencé par devoir gérer le divorce d'avec Time Warner et le retour en Bourse en décembre 2009. Sa stratégie, baptisée "Projet Everest" comme pour mieux souligner la difficulté de l'entreprise, est ensuite passée par d'importantes restructurations et une réorientation de l'activité afin de faire repartir la croissance.

Il a investi dans les contenus, en achetant des médias en ligne comme le Huffington Post. Et pour prendre le relais des revenus tirés des traditionnels abonnements internet d'AOL, il a renforcé ses technologies publicitaires, avec notamment en 2013 l'acquisition d'Adap.tv, une société spécialisée dans la publicité vidéo en ligne et payée quelque 400 millions de dollars.

Une stratégie apparemment payante, qui a convaincu Verizon d'offrir plus de 4 milliards de dollars pour racheter AOL et de maintenir Tim Armstrong en poste pour continuer de gérer l'entreprise de manière semi-indépendante.

Les performances financières de Tim Armstrong lui valent d'être plutôt apprécié à Wall Street. Mais son style ne fait pas forcément l'unanimité.

Son licenciement public d'un salarié avait provoqué une polémique en 2013. Dans l'enregistrement d'une réunion où participaient un millier de personnes, on l'entend demander à la personne incriminée de ranger son appareil-photo, avant de lancer un très sec: "Abel, tu es viré. Dehors", puis de reprendre son discours à l'endroit et sur le ton où il l'avait arrêté, après un silence de seulement quelques secondes.

Tim Armstrong s'était aussi attiré les critiques l'année suivante, quand les médias avaient rapporté qu'il avait invoqué lors d'une réunion internet les dépenses pour soigner les "bébés en détresse" de deux salariés pour justifier des coupes dans les prestations sociales proposées par le groupe.

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