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Toshiba décide de vendre sa filiale de puces-mémoires à Bain Capital

Le conglomérat japonais aux abois Toshiba a décidé mercredi de vendre son activité de puces-mémoires au consortium mené par le fonds américain Bain Capital, malgré l'opposition résolue de son actuel partenaire Western Digital.

Toshiba va céder l'intégralité des parts de Toshiba Memory pour un montant évalué à environ 2.000 milliards de yens (15 milliards d'euros) pour l'instant mais qui est susceptible d'être ajusté ultérieurement, a précisé Toshiba dans un communiqué dans la soirée.

La signature du contrat définitif "est prévue dans les jours à venir", selon le conglomérat.

Le schéma choisi passe par la cession à une société spéciale, au départ entièrement détenue par Bain Capital, qui émettra ensuite des actions ordinaires et obligations convertibles à l'attention des partenaires du consortium.

Toshiba prévoit de réinvestir ultérieurement 350 milliards de yens dans l'entreprise repreneuse.

Cette décision en faveur de Bain Capital, qui avait déjà obtenu la semaine passée la préférence de Toshiba, se fait au détriment de Western Digital qui avait pourtant déposé une nouvelle proposition.

La filiale SanDisk de ce groupe américain investit en effet depuis 17 ans dans cette activité de mémoires flash Nand au côté de Toshiba, et refuse de se voir imposer de travailler avec une firme uniquement choisie par Toshiba.

Pour mieux convaincre Toshiba de prendre enfin une décision ferme en sa faveur, le fonds américain Bain Capital a rallié à sa cause le géant de l'informatique Apple, lequel serait, selon certains médias, prêt à mettre sur la table de 3 à 7 milliards de dollars.

Le consortium de Bain Capital comprend aussi le fabricant de semi-conducteurs sud-coréen SK Hynix et les groupes américains Dell, Kingston et Seagate.

Par cette décision, Toshiba, à court d'argent et qui a laissé pendant des mois traîner le dossier, met de facto fin aux discussions qu'il continuait de mener avec deux autres prétendants, à savoir Western Digital d'un côté et le taïwanais Hon Hai/Foxconn de l'autre, lui aussi très intéressé par la pépite lucrative que représente Toshiba Memory.

- Un conglomérat dépecé -

Toshiba était sous pression de conclure, notamment vis à vis de ses banques. Le choix de Bain Capital est aussi pensé pour faciliter l'approbation des autorités de la concurrence, une procédure qui prend des mois.

Toshiba n'a que jusqu'à mars 2018 pour encaisser l'argent de la cession de Toshiba Memory afin de renflouer ses caisses vides, sans quoi, à moins qu'il n'obtienne des fonds ailleurs, son action sera automatiquement radiée de la Bourse de Tokyo.

Même si le choix de Bain Capital semble définitif, Toshiba va devoir affronter l'opposition ferme de Western Digital qui a déposé des recours en justice, notamment devant la cour d'arbitrage de la Chambre de commerce internationale.

"Tout au long de notre dialogue continu avec Toshiba, nous sommes restés flexibles et nous avons soumis de nombreuses propositions pour répondre à toutes les préoccupations de Toshiba. Nous sommes déçus que Toshiba prenne cette initiative malgré les efforts inlassables de Western Digital pour parvenir à une résolution qui soit dans l'intérêt de toutes les parties prenantes", a réagi Western Digital qui assure que sa filiale SanDisk dispose d'un droit de consentement que Toshiba bafoue.

C'est que Western Capital a misé gros l'an passé en rachetant SanDisk, justement parce qu'il était associé à Toshiba, le numéro deux mondial des mémoires flash Nand, après le sud-coréen Samsung Electronic. Celles-ci sont désormais le support de stockage non seulement des appareils numériques mobiles mais aussi des disques durs d'ordinateurs et serveurs.

Toshiba se dit conscient qu'il va devoir en découdre avec Western Digital mais aussi déterminé à oeuvrer pour faire aboutir le dossier d'ici mars.

Le conglomérat nippon est tombé dans une situation catastrophique à la suite d'un scandale de falsifications de comptes pendant des années, révélé en 2015.¨

Puis il a été mis à terre par les mauvais calculs et autres déboires de sa filiale nucléaire américaine Westinghouse, finalement mise en faillite en entraînant près de 8 milliards d'euros de pertes pour le groupe.

Interrogé par l'AFP, l'essayiste Yasuyuki Onishi, auteur de plusieurs ouvrages sur Toshiba et d'autres sociétés nippones, craint que le conglomérat, dont les racines remontent à plus de 140 ans, finisse par n'être plus qu'une entreprise de démantèlement de la centrale accidentée de Fukushima.

Avant les puces-mémoires, la vache à lait du groupe, Toshiba s'est en effet débarrassé de son activité d'électroménager, puis de sa filiale pourtant pleine d'avenir d'équipements médicaux et d'autres divisions.

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