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"Notre petit fromage de Herve? On s’en fiche! On peut l’écraser car il n’y a pas de lobby derrière"

Cette semaine, l’affaire Munnix, du nom de ce producteur de fromage de Herve qui a décidé de jeter l’éponge, a retenu l’attention des chroniqueurs de l’émission On refait le monde.

Suite aux contrôles de l’agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca), José Munnix a décidé d’arrêter sa production de fromage cru. Un sujet qu’ont abordé Jean Quatremer, correspondant pour le journal Libération, et Alain Raviart, conseiller en communication. Ils estiment qu’il existe un déséquilibre de moyens entre ce genre de petits producteurs, et les moyens mis en place par les industries du tabac ou de l’automobile pour défendre leurs activités.


"Notre petit fromage de Herve, on s’en fiche, on peut l’écraser!"

Jean Quatremer explique que notre société a tendance à se focaliser sur une série de petits risques, plutôt que de s’attaquer aux grands maux qui touchent le monde. "La voiture est mortelle, pourtant personne ne veut l’interdire. Pourquoi? Parce qu’il y a des intérêts industriels qui sont extrêmement puissants derrière", estime-t-il.

Comparé aux grandes industries, les petits producteurs semblent bien fragiles pour Jean Quatremer. "Alors que notre petit fromage de Herve, on s’en fiche, on peut l’écraser!", explique le journaliste sur un ton légèrement humoristique. "Mais allez écraser Audi, Renault, Volkswagen, Boeing, Airbus, ça il n’en est pas question", ajoute le journaliste français.


"Le tabac cause plus de morts que le fromage de Herve"

Alain Raviart rejoint quelque peu les propos de Jean Quatremer, et estime qu’il y a deux poids deux mesures selon les produits concernés. "L’hypocrisie dans cette affaire, c’est que certaines personnes ne peuvent pas consommer de fromage cru, comme les femmes enceintes. Mais si on prend le tabac, d’un point de vue statistique, c’est beaucoup plus catastrophique pour les enfants", explique le conseiller en communication.

"Le tabac cause plus de morts que le fromage de Herve, et pourtant, au niveau des mesures prises en Belgique et au niveau européen, il y a de l’hypocrisie parce que les lobbys du tabac font leur boulot et sont bien accueillis dans l’hémicycle européen", explique Alain Raviart. "Il est là aussi le scandale, il y a une différence selon que vous soyez pauvre, puissant ou misérable", ajoute-t-il.


"Il pouvait très bien continuer sa production"

De son côté, Michel Henrion, expert en média politique, fait remarquer que José Munnix est devenu un symbole pour beaucoup de citoyens. "Il y a un phénomène d’opinion public, avec une pétition qui a déjà plus de 20.000 signatures. Subitement, pour une certaine partie de l’opinion publique, il est devenu comme un héros de la résistance face aux grands méchants loups de ces contrôleurs alimentaires", analyse-t-il.

"Le problème, c’est qu’il s’est placé en position de victime, et je pense que le dossier est beaucoup plus solide que ça", estime Michel Henrion. "En réalité, il pouvait très bien continuer sa production", dit-il.


"La meilleure preuve est le filet américain, une grande spécialité belge"

"Oui mais c’est extrêmement cher, on lui demande de payer 500€ pour chaque analyse, et dès qu’on trouve quelque chose il doit tout jeter, alors qu’il n’a que quelques vaches", interroge Mathieu Col.

"Il y a 1.500 petits producteurs qui font ça et qui appliquent les règles. Lui, c’est peut-être parce qu’il n’avait plus envie, donc il y a quelque chose qui ne va pas. Il pouvait continuer sa production, et l’AFSCA n’a rien contre les produits crus. La meilleure preuve étant la grande spécialité belge, le filet américain", conclut Michel Henrion.

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