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Les bras d’honneur des N-VA, "c’est tout simplement être assez mal élevé"

Ce midi dans l’émission On refait le monde de Mathieu Col, les avis étaient partagés sur l’importance à donner aux gestes insultants qu’on fait deux personnalités de la N-VA envers des confrères politiciens cette semaine. Michel Henrion ne s’en émouvait pas, rappelant que par le passé, on a connu bien pire. Alain Raviart, lui, s’inquiétait très sérieusement d’un manque de dénonciation de ces comportements peu courtois de plus en plus fréquents, surtout chez les politiciens N-VA. Enfin, Christophe Giltay résumait l’affaire à ce qu’elle est, un simple manque d’éducation, de savoir vivre.

Pour rappel, cette semaine, dans un bureau du Sénat (et non dans l’hémicycle), le sénateur N-VA Karl Vanlouwe a adressé un bras d’honneur à la présidente du Sénat, la MR Christine Defraigne. La raison ? Un différend sur l’appellation à donner à la Communauté française dans une lettre officielle à adresser à la ministre Isabelle Simonis. En effet, les francophones l’ont rebaptisée Fédération Wallonie-Bruxelles, même si dans la Constitution, c’est toujours bien l’appellation Communauté française qui est inscrite. Christine Defraigne a proposé d’y faire figurer les deux appellations, ce à quoi Karl Vanlouwe a répondu par un geste obscène. Idem un peu plus tard au bureau du Sénat toujours, où la chef de groupe N-VA Annick De Ridder a, elle, adressé un doigt d’honneur à la sénatrice PS Olga Zrihen pour une raisons toute autre.


Avant, on se traitait d’excrément dans l’hémicycle...

Quelle importance donner à ces gestes? Pour Michel Henrion, expert en Médiapolitique, on oublie vite la passé bien plus tumultueux. "Ça ne se fait pas parce qu’aujourd’hui, on a une société politique extrêmement policée. Mais si on prend historiquement ce qui se passait dans les parlements il n’y a pas encore tellement longtemps, c’était d’une brutalité et d’une violence ! Ceci a l’air d’une gentille cour de récréation par rapport à ce qu’on a connu dans l’histoire. Le parlement est traditionnellement un lieu d’échange très vif. Même chez nous, encore dans les années 60, il y avait des députés qui se traitaient d’excréments !"


"Personne ne s'en émeut, c'est très inquiétant"

Mais pour le conseiller en communication Alain Raviart, ces dérives brutales auxquelles les politiciens ne nous ont plus habitués depuis des dizaines d’années sont inquiétantes. "Les membres de la N-VA ont raison sur le fond, c’est la Communauté française qui est constitutionnelle et je parle souvent de Communauté française. Que ça déplaise aux politiques francophones, tant pis. Mais ce n’est pas une raison pour faire un bras d’honneur et un doigt d’honneur. Moi ce qui ma consterné dans cette histoire-là, c’est qu’il y a eu deux, trois papiers et puis basta. Ce qui m’inquiète, comme depuis le début de cette législature, c’est une sorte de banalisation des comportements –et ça singulièrement d’élus de la N-VA- et il n’y a pas de suites. Ça passe, un clou chasse l’autre et personne ne s’émeut. C’est très inquiétant."


Juste un manque d'éducation?

Pour notre Grand Reporter Christophe Giltay, il ne faut pas en faire trop non plus. L’endroit où ont eu lieu ces gestes obscènes permet de plus grandes largesses. "Je ferai la distinction entre l’enceinte du parlement, qui est un peu l’agora et où le président est là pour maintenir l’ordre. C’est à lui de faire respecter le règlement. Mais dans un bureau, face à une dame, faire un doigt d’honneur, c’est tout simplement être assez mal élevé."


Au-delà d'une détérioration des relations courtoises entre policiens, il y a la volonté de la N-VA de s'attaquer Sénat

Sur le fond de l’affaire, après les passés troubles de certaines élus N-VA, les déclarations et prises de position choc (du moins pour l’opinion publique francophone) de certains ministres du même parti, ça ne fait que rajouter à l’ambiance peu courtoise qui anime nos politiciens ces derniers temps. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls. Les piques cette semaine également échangées entre Laurette Onkelinx (PS) et Alain Destexhe (MR) ont aussi été jugées par nos chroniqueurs "au ras des pâquerettes". Mais concernant la N-VA, il ne faut pas perdre de vue qu’ils souhaitent la dissolution du Sénat. Selon plusieurs sources au sein de celui-ci, les sénateurs N-VA tentent sur chaque sujet de ralentir et mettre des bâtons dans les roues de l’institution.

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