Accueil Actu

Boiron, à l'heure des certitudes

Utiles, les traitements homéopathiques ? Boiron, le leader mondial de la spécialité, s'apprête à diffuser les résultats d'une vaste étude qui, espère-t-il, balayera les doutes récurrents entourant son activité.

"Jamais, je n'ai eu autant de certitudes", lance son directeur général Christian Boiron, interrogé sur la situation d'une entreprise qui a pourtant bâti sa fortune sur une médecine "dont on ne peut pas comprendre le mécanisme d'action".

Dans les mois à venir, le groupe lyonnais va pouvoir s'appuyer sur les résultats d'une étude qu'il a certes financée (à hauteur de 6 millions d'euros), mais qui a été réalisée de manière indépendante par une équipe de chercheurs de haut niveau coordonnée par le Pr Lucien Abenhaïm, ancien directeur général de la Santé.

Ces travaux, menés pendant cinq ans auprès de 8.559 patients, ont déjà fait l'objet de neuf publications distinctes dans des revues scientifiques sans lien avec l'homéopathie.

- Un risque "considérable" -

"Jamais le groupe n'avait autant dépensé en recherche au cours de son histoire". Et le risque pour l'entreprise était "considérable" si les résultats n'avaient pas été au rendez-vous, souligne M. Boiron, interrogé par l'AFP sur le verdoyant campus qui héberge le siège de l'entreprise à Messimy (banlieue de Lyon).

Objectif de l'étude: mesurer l'efficacité, les risques et les coûts de l'homéopathie dans trois grandes indications (douleurs articulaires, dépression et troubles du sommeil, infection des voies respiratoires), qui représentent la moitié des consultations chez le médecin.

Pour Christian Boiron, l'homéopathie doit être un outil, parmi d'autres, à la disposition des médecins. Une philosophie qu'il voit de plus en plus partagée par les généralistes, du moins en France où médecins et pharmaciens sont formés à l'homéopathie.

"L'homéopathie n'a pas capacité à traiter le cancer, mais l'utiliser pour aider les patients malades du cancer à supporter leurs traitements, ça oui", dit-il.

Patron atypique, qui reçoit le journaliste de l'AFP chaussé de Crocs, Christian Boiron a partagé depuis 40 ans le pouvoir au sein du groupe familial avec son père Jean et son frère Thierry, se répartissant entre eux, au fil des ans, présidence et direction générale.

- Serein -

Celui qui a retrouvé la direction exécutive en 2011 tire aussi sa confiance de la taille désormais respectable de la société familiale, née de la fusion des officines de son père et de son oncle, vrais jumeaux jusque dans leur passion partagée dans l'homéopathie.

Au fil des ans, Boiron a racheté ses principaux concurrents. "Pas par volonté de gigantisme, mais simplement pour survivre car nos prix sont faibles", explique celui qui fut pendant trois ans adjoint au maire de Lyon Michel Noir (RPR).

Avec ses 607,8 millions d'euros de chiffre d'affaires et un bénéfice net de 73,9 millions d'euros l'an dernier, Boiron peut financer ses importants investissements, comme le transfert à Messimy de l'activité industrielle du site voisin de Sainte-Foy-lès-Lyon, et le regroupement de sa logistique aux Olmes, également près de Lyon.

Boiron entend pour l'heure conserver le bâtiment de Sainte-Foy qui pourrait accueillir le Centre d'enseignement et de développement de l'homéopathie (CEDH), une structure hébergeant une centaine de médecins formateurs à l'homéopathie que le groupe finance à Paris.

"Je me sens serein", souligne ce patron à la fibre sociale prononcée, que les salariés croisés sur le campus saluent affectueusement.

La taille du groupe "nous permet de faire des choses qui nous étaient jusqu'ici impossibles". Y compris pour se développer dans des secteurs autres que l'homéopathie ? "Je ne vois pas pourquoi on se l'interdirait si c'était dans notre intérêt", répond-il.

Christian Boiron, qui aura 69 ans en juin, répond d'un "non" tranchant lorsqu'on lui demande s'il a l'intention de décrocher prochainement. Mais, "pour empêcher les malentendus", il a d'ores et déjà désigné son successeur, choisi en dehors de la famille, en la personne de son adjointe, Valérie Poinsot.

À la une

Sélectionné pour vous