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Commotions dans le rugby: un neurochirurgien tire la sonnette d'alarme

Les commotions cérébrales graves sont "de plus en plus nombreuses" dans le rugby, s'alarme le professeur Jean Chazal, un neurochirurgien qui met en cause la Fédération française (FFR), absente du Grenelle de la santé des joueurs, dans un entretien samedi sur France Info.

"Je suis très inquiet parce qu'on me demande aujourd'hui de soigner des joueurs qui subissent des commotions cérébrales graves et de plus en plus nombreuses", explique Chazal, neurochirurgien au CHU de Clermont-Ferrand et qui a opéré mercredi le troisième ligne et capitaine de Clermont, Damien Chouly, atteint d'une hernie du rachis cervical.

Ces dernières années, les préoccupations sont allées croissant sur l'impact des commotions cérébrales dans le rugby. Des protocoles plus stricts ont été mis en place pour tenter d'empêcher les joueurs de reprendre trop vite quand ils ont subi de tels chocs.

"Il faut tirer la sonnette d'alarme, il faut arrêter le massacre et faire de la prévention. On nous dit que ce n'est pas possible, que les joueurs sont de plus en plus grands et de plus en plus gros... Mais il n'y a qu'à adapter les règles et, surtout, sensibiliser les arbitres", estime le professeur.

- 'Plaquages destructeurs'-

Nommé expert national au Grenelle de la santé des joueurs, Chazal regrette de n'y avoir vu "ni la Fédération, ni les arbitres, ni les médecins de la Fédé".

La Ligue nationale de rugby (LNR) avait lancé mi-juin, à la suite de la phase finale de Top 14 où les chocs, notamment à la tête, ont frappé les esprits, ce Grenelle qui devait rassembler "toutes les parties prenantes du monde du rugby" pour réfléchir sur les mesures à mettre en place pour protéger la santé des joueurs.

"S'il ne se passe rien, je suis prêt à quitter ce milieu dans lequel je suis pourtant depuis des dizaines d'années. Là, je crois que la coupe est pleine. Je ne suis pas le seul à le penser", a ajouté Chazal, qui redoute désormais un mort sur un terrain de rugby français, "pas forcément à cause d'une commotion cérébrale".

"Moi, je vois des plaquages destructeurs, à retardement, par derrière, sur un joueur relâché", a prévenu le chirurgien. "L'aorte peut se désinsérer sur un tel choc: la personne fait une hémorragie interne et meurt en quelques secondes. Ça va arriver, je le dis, je l'ai dit et je le redis aujourd’hui, et pourtant ça ne bouge pas", se lamente Chazal.

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