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Déchets nucléaires à Bure: cession confirmée d'un terrain à l'Andra

Les gendarmes ont essuyé des jets de projectiles en marge du conseil municipal de Mandres-en-Barrois (Meuse) qui a voté jeudi soir la cession d'une forêt désignée par l'Agence nationale de gestion des déchets nucléaires (Andra) pour accueillir le projet d'enfouissement de déchets Cigéo, a indiqué la préfecture.

La cession de ce terrain de quelque 220 hectares avait été actée en conseil municipal en 2015 avant d'être invalidée par la justice fin février.

"Une soixantaine d'individus, dont une trentaine cagoulée, s'était rassemblée jeudi soir devant la mairie puis a tenté d'empêcher l'accès des membres du conseil municipal au bâtiment", a indiqué la préfecture dans un communiqué.

Selon les organisateurs, "une centaine de militants" avaient fait le déplacement dans ce village de 120 habitants où des gendarmes mobiles avaient été mobilisés en nombre.

"A l'issue de la délibération (...) des menaces ont été proférées par des opposants. Les élus du conseil municipal ont dû être escortés pour regagner leur domicile", a indiqué la préfecture.

Les onze élus du village, arrivés à la mairie peu avant 20H00, ont adopté la cession du terrain par 6 voix pour et 5 contre.

"Une quarantaine d'individus s'en est alors pris aux forces de l'ordre en jetant des projectiles", des pierres, blocs de béton et morceaux de bois, selon la préfecture.

Elles ont répliqué, faisant usage de grenades lacrymogènes "pour se protéger" et "disperser les opposants".

Tenus à distance derrière des barrières, à une centaine de mètres de la mairie, les anti-Cigéo étaient venus dénoncer la "mascarade démocratique" du vote.

Joints par l'AFP, ils ont affirmé avoir été repoussés manu militari par les forces de l'ordre qui auraient aussi fait usage de matraques.

"Mandres, village à vendre", "le nucléaire, non merci", pouvait-on lire sur les pancartes et banderoles des antinucléaires qui ont appelé le maire à démissionner.

"L'Andra prend acte de la décision du conseil municipal de Mandres qui vient de confirmer l'échange du Bois-Lejuc contre un autre bois, propriété de l'Andra", a réagi l'Andra.

"Les études autour du projet vont se poursuivre sans précipitation et dans un esprit d'apaisement", a souligné l'Agence, saluant "le soutien des élus du territoire qui confirme qu'il s'agit bien d'un projet d'intérêt général, national et territorial."

Sur le terrain, les opposants ne décolèrent pas: ils entendent déjà attaquer la décision municipale en justice. "La guérilla juridique continue", a souligné un opposant qui se fait appeler "Michel".

Le réseau Sortir du nucléaire a dénoncé "un simulacre de démocratie". "Derrière le vote il faut voir la main de l'Andra" et "ce vote ne change rien à la détermination des opposants", a rappelé la fédération des antinucléaires qui observe "une militarisation du territoire".

Le Réseau, qui salue "le courage de de ceux qui ont osé voter contre l'échange", estime que plusieurs membres du conseil "n'auraient pas dû prendre part au vote".

Il accuse "cinq membres du conseil municipal, le maire en tête", d'être "en situation de conflit d'intérêt en raison des liens directs et indirects qu'ils entretenaient avec l'Andra".

Le 28 février, le tribunal administratif de Nancy, saisi par des riverains du projet, avait invalidé pour vice de forme le vote du conseil municipal par lequel le village qui jouxte Bure, avait cédé en juillet 2015 ce terrain à l'Andra.

La commune avait 4 mois pour régulariser la situation.

Le projet Cigéo, objet d'une guérilla juridique entre l'Andra et les opposants, vise à enfouir à 500 m sous terre les déchets nucléaires les plus radioactifs ou à vie longue du parc français.

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