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Découverte inédite de deux molécules organiques complexes sur une comète

Deux nouvelles molécules organiques complexes, de l'alcool éthylique et un sucre simple, des briques de la vie, ont été détectées pour la première fois sur une comète appelée Lovejoy, selon des chercheurs français dont la découverte est publiée vendredi aux Etats-Unis.

D'autres molécules organiques avaient déjà été observées sur des noyaux cométaires, dont notamment sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko (Tchouri) avec les instruments de Philae, l'atterrisseur européen de la mission Rosetta, le premier à s'être posé en novembre 2014 sur un de ces corps célestes vestiges de la genèse du système solaire.

La présence de ces composés organiques dans des comètes suggère qu'ils ont pu émerger dans les premiers stades de cette formation.

Les comètes ont conservé dans leurs glaces de précieuses informations sur la composition et les conditions physiques et chimiques qui existaient dans la nébuleuse d'où ont émergé les planètes il y a près 4,6 milliards d'années.

Et les corps cométaires ont probablement contribué à l'apport d'eau et d'autres composés de la vie sur la Terre durant les premières centaines de millions d'années de son existence, soulignent ces chercheurs.

"La présence d'une complexité organique importante dans le matériau cométaire est un pas essentiel pour mieux comprendre des conditions qui prévalaient au moment de l'émergence de la vie sur notre planète", explique Dominique Bockelée-Morvan, une chercheuse au Centre national français de la recherche scientifique (CNRS), astrophysicienne à l'Observatoire de Paris, co-auteur de l'étude.

Sans pouvoir encore dire que la vie sur la Terre a été apportée par les comètes, "ces observations montrent une possible explication de son origine sur notre planète", ajoute-t-elle dans un entretien téléphonique avec l'AFP. Mais elle note qu'il y a d'autres hypothèses, comme les gaz issus d'éruptions volcaniques.

Outre l'alcool éthylique et le glycolaldéhyde, le plus simple des sucres, ces chercheurs ont également détecté 19 autres molécules organiques sur Lovejoy, comme l'éthylène glycol, un antigel.

Plusieurs de ces 19 autres molécules trouvées sur Lovejoy avaient déjà été décelées sur d'autres comètes, dont plusieurs sur Tchouri.

En juillet dernier l'équipe scientifique de la mission Rosetta avait annoncé la détection pour la première fois sur une comète de quatre molécules organiques, dont du méthyle et de l'acétone, des précurseurs de molécules importantes pour la vie comme les sucres et les acides aminés.

Dans les vapeurs s'échappant de Lovejoy, l'alcool éthylique et le glycolaldéhyde étaient tous deux présents dans des proportions par rapport à l'eau de 0,12% et 0,02% respectivement.

"La quantité d'alcool qui s'échappait chaque seconde des glaces de Lovejoy quand elle était au plus proche du soleil correspondait à celle contenue dans 500 bouteilles de vin", précise Nicolas Biver, chercheur au CNRS à l’Observatoire de Paris, premier auteur de l'étude.

La comète Lovejoy, découverte en août 2014 par l'astronome amateur australien Terry Lovejoy, présente un grand intérêt scientifique car il s'agit de l'un des noyaux cométaires le plus actifs se trouvant sur une orbite à proximité de celle de la Terre.

Lors de son passage au plus près du Soleil et de la Terre en janvier, elle est restée visible à l'oeil nu plus d'un mois, éjectant plus de 20 tonnes de vapeur d’eau par seconde à son maximum d'activité.

À l'approche du Soleil, les glaces des comètes se vaporisent et libèrent une atmosphère riche en molécules diverses pouvant être analysées à distance grâce à des instruments au sol.

Pour Lovejoy, ces scientifiques ont utilisé le radiotélescope de 30 m de l'Institut de RadioAstronomie Millimétrique (IRAM) situé dans la Sierra Nevada, près de Grenade en Espagne.

Lovejoy (C/2014 Q2) vient du nuage d'Oort, un réservoir de comètes situé aux confins du système solaire dans une région très froide.

Quant à la comète Tchouri, elle provient de la ceinture de Kuiper qui est beaucoup plus proche du soleil.

La comparaison de leurs compositions respectives est de ce fait très importante pour comprendre la formation de ces deux familles de comètes et les origines de la vie, notent ces scientifiques.

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