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La France inaugure enfin sa première éolienne en mer

Avec un retard conséquent sur les autres pays d'Europe, la France a inauguré vendredi sa première éolienne en mer, au port de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) où elle a été assemblée, pour être ensuite remorquée en vue d'une mise en service au large du Croisic début 2018.

Baptisée Floatgen, cette première éolienne offshore, équipée d'une turbine de deux mégawatts et de pales d'un diamètre de 80 mètres, est de taille modeste par rapport à celles qui seront amenées à lui succéder.

Mais elle a surtout la particularité d'être flottante : une technologie encore émergente, puisqu'il n'existe aujourd'hui que six démonstrateurs à travers le monde, notamment au Japon, contre plus de 3.600 éoliennes dites "posées".

Floatgen repose sur un flotteur carré, de couleur jaune, qui sera ancré au plancher marin par six câbles en nylon, une fibre synthétique élastique et non corrosive, contrairement aux chaînes habituelles.

"Les éoliennes flottantes ont pour premier avantage sur les éoliennes +posées+ de pouvoir être montées à terre, plutôt qu'en pleine mer, ce qui limite à la fois les risques et les coûts", a expliqué Paul de la Guérivière, PDG d'Ideol, coordinateur de ce projet de 25 millions d'euros, porté par un consortium de sept partenaires européens.

"Elles sont par ailleurs libérées des contraintes de profondeur, là où les éoliennes classiques doivent fonctionner dans des eaux relativement peu profondes, de l'ordre de 40 mètres, mais suffisamment loin des côtes, ce qui ne se trouve quasiment qu'en mer du Nord", a-t-il ajouté. "Les éoliennes flottantes peuvent être installées dans des zones où les vents sont plus forts et réguliers."

Floatgen sera ainsi remorquée début 2018, en fonction des conditions météorologiques, à 22 kilomètres au large du Croisic, sur un site d'expérimentation d'un kilomètre carré exploité par l'Ecole centrale de Nantes.

Une fois raccordée au réseau électrique par un câble haute tension, déjà en place, elle sera testée en conditions réelles pendant deux ans. À terme, elle devrait produire l'équivalent de la consommation électrique annuelle de 5.000 habitants.

Posée sur un flotteur en béton, matériau plus léger que l'acier utilisé dans des projets concurrents, elle doit être capable de résister aux tempêtes et à des vagues de 16 mètres.

- Quatre projets de parcs pilotes -

Cette éolienne, dont la construction a débuté en juin 2016 après trois années d'études, "n'est qu'un point de départ, pas une finalité", précise Nicolas Jestin, directeur commercial de Bouygues Travaux Publics, soulignant que ce prototype innovant "préfigure ce que l'on espère devenir une filière."

Très en retard sur le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark, locomotives européennes de l'éolien offshore, la France compte en effet sur le flottant pour exploiter ses gisements de vent les plus importants, en Bretagne et en Méditerranée.

Quatre projets de parcs pilotes ont déjà été retenus, au large de l'île de Groix (Morbihan), de Gruissan et Leucate (Aude) et de Faraman (Bouches-du-Rhône).

"Nous sommes en retard, c'est une évidence. Parmi tous les obstacles rencontrés, il y a le problème d'acceptabilité des projets par les riverains, les militants, les syndicats", a déclaré Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire.

"Nos procédures sont trop longues, nos règles trop opaques", a également admis M. Lecornu, qui a appelé à une "simplification" et à une "meilleure concertation en amont".

Par ailleurs, une centaine de travailleurs portuaires ont saisi l'occasion de la présence du secrétaire d’État pour protester toute la matinée contre la taxe carbone, à proximité du site de l'inauguration.

L’État, qui a contribué à Floatgen à hauteur de 9 millions d'euros dans le cadre de son programme d'investissements d'avenir, doit lancer un nouvel appel à projets pour des éoliennes flottantes, "avenir de l'éolien en mer", selon les différents acteurs de cette première française.

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