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La justice se penche sur la demande de libération de Patrick Henry, atteint d'un cancer

Il est l'un des plus anciens détenus de France, mais aussi un symbole de la lutte contre la peine de mort : Patrick Henry, 64 ans dont 40 passés en prison pour le meurtre d'un enfant, demande sa libération en raison d'un cancer. Sa requête est examinée mardi.

Au vu de son état de santé, le parquet prendra des "réquisitions favorables" à cette demande de suspension de peine pour raison médicale, a annoncé à l'AFP la procureure de Melun, Béatrice Angelelli.

Le tribunal d'application des peines de Melun, qui se penche mardi sur cette requête et pourrait mettre sa décision en délibéré, avait déjà donné son feu vert à sa libération conditionnelle en janvier 2016.

Mais cette décision avait été rejetée quelques semaines plus tard par la cour d'appel de Paris : les juges avaient alors considéré que ses projets de réinsertion n'étaient pas assez concrets et estimé qu'il devait encore effectuer un travail sur lui-même.

Condamné en 1977 à la réclusion à perpétuité pour le meurtre du petit Philippe Bertrand, Patrick Henry avait été libéré sous conditions en 2001.

Mais il avait rapidement cassé son image d'ex-détenu modèle devenu informaticien. Arrêté pour vol à l'étalage l'année suivant sa libération, il avait été interpellé quelques semaines plus tard en Espagne avec 10 kilos de cannabis. Une affaire qui lui avait valu un retour en prison.

Depuis, le détenu a demandé à plusieurs reprises, sans succès, une libération conditionnelle. En 2011, il avait même entamé une grève de la faim.

- 'La France a peur' -

Cette fois, Patrick Henry invoque son état de santé. Hospitalisé depuis le 15 mai dans une unité sécurisée de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), il souffre d'un cancer, a précisé à l'AFP son avocat, Hugo Lévy.

La loi prévoit qu'une suspension de peine peut être accordée aux condamnés "atteints d'une pathologie engageant le pronostic vital" ou ceux dont "l'état de santé est durablement incompatible avec le maintien en détention". L'avocat assure en outre que son client présente "toutes les garanties" en termes d'hébergement ou de perspective d'emploi.

Lors du refus de libération par la cour d'appel en 2016, son avocate de l'époque Me Carine Delaby-Faure, très en colère contre une "décision pas courageuse", avait estimé qu'on persistait à ne considérer en Patrick Henry qu'un "symbole".

Enlèvement à la sortie de l'école de Pont-Sainte-Marie, près de Troyes (Aube), chantage à la rançon puis découverte du corps de l'enfant, mort par strangulation, sous le lit du jeune VRP Patrick Henry : l'affaire du petit Philippe Bertrand, 7 ans, avait eu un retentissement énorme en France à la fin des années 70.

"La France a peur", lançait le soir de la découverte de son corps le présentateur du JT, Roger Gicquel.

Le procès qui suivit reste comme l'un des plus marquants de l'histoire judiciaire récente, car il fut aussi celui de la peine de mort dans l'un des derniers pays d'Europe occidentale où elle était alors en vigueur.

Patrick Henry échappa de justesse à la guillotine, grâce notamment à la plaidoirie de son avocat Robert Badinter, fervent militant de l'abolition de la peine capitale qu'il contribuera à abolir en tant que ministre de la Justice en 1981.

A la cour d'assises qui venait de lui sauver la tête, Patrick Henry avait répondu: "Vous n'aurez pas à le regretter".

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