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La Mutuelle des étudiants placée sous sauvegarde de justice pour six mois

La Mutuelle des étudiants (LMDE), née sur les ruines de la Mnef, a été placée lundi sous sauvegarde de justice par le tribunal de grande instance de Créteil pour éviter une procédure de liquidation judiciaire à court terme.

Le juge a donné six mois à son administratrice provisoire, Anne-Marie Cozien, pour redresser la situation de la LMDE, première mutuelle étudiante avec 920.000 affiliés, dont la dette s'élève à 35 millions d'euros (dont 5 millions d'euros uniquement pour les remboursements de frais de santé des étudiants).

Au cours de l'audience, qui n'était pas publique, le juge a annoncé la nomination prochaine d'une administratrice judiciaire pour seconder Mme Cozien, assurant ainsi le transfert de responsabilité de la seconde vers la première pour le paiement des dettes en cas de cessation de paiement.

A cette ardoise colossale se sont ajoutés ces dernières années des problèmes techniques (délais de remboursement de plus en plus longs, cartes vitales adressées tardivement), mis en avant notamment dans un rapport de la Cour des comptes, publié en 2013 et à l'origine de la colère des étudiants et de leurs familles.

Pour Anne-Marie Cozien, le salut ne pouvait venir que de la sauvegarde. Cela permet "le gel des dettes antérieures" à la décision de justice, a-t-elle expliqué à l'AFP.

Pendant cette procédure, "il n'y a aucun risque que les étudiants ne soient pas remboursés en amont et encore moins en aval de la décision de justice", a-t-elle précisé, voulant rassurer des étudiants, qui affluent dans les locaux de leur mutuelle depuis quelques semaines.

- 'Modèle mortifère' -

"Il faut maintenant trouver un repreneur sérieux, qui propose des produits qui fassent gagner de l'argent à la LMDE" et "arrêter avec ce modèle mortifère", a-t-elle ajouté. "On a six mois pour présenter un plan et le faire voter lors d'une assemblée générale, dans l'idéal en juin", à l'issue de laquelle une "nouvelle gouvernance étudiante" devrait être mise en place.

A défaut, la mutuelle devra s'appuyer sur ses fonds propres pour assurer le paiement des créances, de quoi tenir jusqu'à la prochaine rentrée universitaire mais pas au-delà.

"Comment en est-on arrivé là?", s'interroge Dominique Corona, délégué syndical Unsa au sein de la mutuelle. "La réorganisation de la mutuelle et son plan de licenciement en 2012-2013 ont coûté plus de sept millions d'euros", se souvient l'élu, pour qui la somme représente "autant d'argent qu'on n'a pas eu pour gérer les problèmes techniques".

Inquiet pour les quelque 600 salariés en CDI ou CDD de la mutuelle, le syndicaliste est formel: "on ne peut pas morfler pour tout le monde" puisqu'il y a eu "a minima" un "manque de professionnalisme certain de la part des dirigeants de la mutuelle" et "non des étudiants qui en sont administrateurs".

"C'est trop facile de jeter l'opprobre sur ces jeunes", estime-t-il, contrairement à la deuxième organisation étudiante, la Fage, pour qui "la philosophie de la gouvernance n'est pas la bonne" et qui épingle d'actuels ou anciens élus du syndicat Unef, dont nombre de militants ont transité par la LMDE.

Quatorze ans après les déboires de la Mnef, toujours en liquidation judiciaire, selon plusieurs sources, "l'amnésie générale, ça suffit", peste Dominique Corona.

Née sur les cendres de la Mnef, dossier dans lequel plusieurs responsables socialistes avaient été condamnés, la LMDE n'a pas eu les moyens financiers d'assumer son rôle, affirment salariés et gestionnaires. Dès sa création, les fonds propres étaient insuffisants et la seule émission de titres participatifs ne pouvait répondre aux besoins financiers.

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