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La punaise de lit perfore l'abdomen de sa partenaire avec son pénis: pourquoi ces accouplements dévastateurs?

Le pénis de coléoptères mâles se barde d'épines de plus en plus longues: qu'à cela ne tienne, les femelles épaississent la paroi de leurs parties génitales. Une étude décrit mercredi une véritable "course aux armements" sexuelles au sein d'une même espèce.

Le bruche du niebé mâle, un insecte de la famille des coléoptères, possède un pénis recouvert d'épines pointues. Un phallus ressemblant étrangement aux boules en acier aux pointes acérées utilisées au Moyen age pour terrasser l'adversaire, et qui ne laisse pas indemnes les parties génitales de la femelle. "L'accouplement traumatique est observé chez plusieurs autres espèces", explique à l'AFP Liam Dougherty de l'université d'Australie-Occidentale à Crawley, coauteur de l'étude publiée dans la revue britannique Proceedings of the Royal Society B.


Le bruche du niebé

L'exemple le plus connu est probablement celui des punaises de lit. Le mâle perfore l'abdomen de la femelle avec son pénis en forme d'aiguille hypodermique pour directement déverser ses spermatozoïdes au bon endroit. Des piquants ornent également les pénis de nos cousins les chimpanzés, des chats ou des limaces de mer.

Mais pourquoi un animal développe-t-il de telles armes? Selon la théorie dominante, les mâles équipés de pénis avec de longues épines ont une plus grande réussite en matière de fertilisation. Du coup, pour augmenter son succès reproductif, au cours des générations, le bruche du niebé a acquis des épines de plus en plus longues, c'est la sélection sexuelle décrite par Darwin.


Accouplements dévastateurs

Selon les chercheurs, ces accouplements dévastateurs ne sont pas immédiatement meurtriers. Cela ne serait pas à l'avantage du mâle: la femelle doit pouvoir élever sa descendance. Mais, à terme, il réduise la durée de vie des femelles. Mais cette dernière n'est pas restée sans réaction face à cette évolution: "Tout d'abord, l'épaisseur moyenne de l'appareil génital de la femelle a augmenté pour éviter la perforation", explique le chercheur. "Deuxièmement, les femmes ont développé leur système immunitaire, les plaies sont moins nocives et peuvent être réparées plus rapidement".

Pour arriver à ces conclusions, Liam Dougherty et son équipe ont étudié 13 groupes de bruche du niebé élevés en laboratoire depuis plus de 10 ans. Les chercheurs ont ainsi pu voir défiler environ 100 générations. "La co-évolution observée chez cette espèce aboutit à une course aux armements sexuelle", selon Liam Dougherty. Mais également à une baisse de la fertilité des femelles. "Chez de nombreuses espèces, les intérêts évolutifs des mâles et des femelles peuvent être différents, nous appelons cela le conflit sexuel", explique le chercheur.

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