Accueil Actu

Médecine du travail: CGT, FO, CFE-CGC critiquent, CFDT applaudit

Le projet de décret réformant la médecine du travail va entraîner une diminution de la protection des salariés, ont estimé jeudi la CGT, FO et CFE-CGC, à contre courant de la CFDT, qui y voit une "vraie évolution".

Le texte, susceptible d'évoluer, doit entrer en vigueur le 1e janvier. Il a été examiné jeudi en Conseil d'orientation des conditions de travail, une instance consultative sous l'égide du ministère du Travail.

Cette instance doit statuer le 7 décembre sur cette réforme, l'une des plus contestées de la loi travail. Les partenaires sociaux émettront alors leurs avis, qui sont consultatifs.

Le texte prévoit de supprimer la visite médicale d'embauche, sauf pour les métiers à risques. Elle sera remplacée par une "visite d'information et de prévention" qui aura désormais lieu "dans un délai de cinq ans" (contre deux actuellement), quatre pour les salariés sur des postes à risques.

Interrogé par l'AFP, le ministère du Travail s'est dit "ouvert à des évolutions", tout en défendant "l'équilibre satisfaisant du texte" qui permet au médecin de travail, une profession en forte pénurie, de mieux cibler les visites.

"Si on regarde le nombre de personnes embauchées en France, il faut 22 millions de visites par an et aujourd'hui on est en mesure de faire trois millions parce qu'il n'y a pas assez de médecins du travail", souligne le ministère, qui va saisir l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) en vue d'une mission pour rendre ce métier attractif.

Hervé Garnier, secrétaire général chargé du sujet à la CFDT, a qualifié cette réforme de "vraie évolution": "On sort d'une médecine punitive où le médecin dit +T'es apte ou inapte+ au travail. On sort d'une certaine logique discriminatoire".

Autre point positif, selon lui: elle prend en compte la pénurie du nombre de médecins du travail, en espaçant les visites jusqu'à cinq ans et en permettant de les faire par une "équipe pluridisciplinaire" (infirmier, médecin référent).

A l'inverse, la CGT, FO et la CFE-CGC estiment que des visites espacées empêcheront de détecter les risques pour les salariés et émettront un avis négatif le 7 décembre.

"Au bout de cinq ans, le salarié n'est même pas sûr d'avoir un médecin en face de lui!", s'inquiète Jérôme Vivenza, de la CGT. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a adressé en avril un courrier à la ministre du Travail Myriam El Khomri pour réclamer une mission à l'Igas afin d'engager "une vraie réforme". Sans avoir de réponse, selon le syndicat.

Cette réforme "aboutit à ce que les médecins du travail ne détecteront plus les nouvelles pathologies" comme le stress ou le burn-out, s'inquiète de son côté la CFE-CGC.

Espacer les visites "veut dire que toutes les mécaniques de prévention vont disparaître", a abondé Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, sur Radio Classique-Paris Première. Il y a aussi, selon lui, un "risque de contentieux", pour l'employeur et les salariés. FO dénonce également les changements prévus pour les travailleurs de nuit, dont la visite semestrielle va passer à trois ans.

À la une

Sélectionné pour vous