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Menace d'attentats: ne pas chambouler pour autant les sorties des ados

Même si enfants et adolescents peuvent eux aussi être la cible d'attentats, comme à Manchester, les parents ne doivent "pas changer les habitudes" ni chercher à "assouplir" ou "durcir" les règles liées aux sorties, estime le Dr Gérard Lopez, psychiatre et président et fondateur de l'Institut de victimologie à Paris.

QUESTION: Après des attentats comme celui de Manchester où des jeunes figurent parmi les victimes, que peuvent dire les parents?

REPONSE: "Les adolescents ne sont pas idiots, ils écoutent les radios et les télévisions, tout le monde en parle. Il s'agit de leur donner des conseils de bon sens. Ils doivent être, comme chacun d'entre nous, vigilants, écouter les consignes des autorités... S'il y a un contrôle de police il faut s'y soumettre de bonne grâce, elle est là pour nous protéger.

Pour ceux qui ont été directement touchés (témoins ou victimes d'attentats), c'est différent, l'attitude des parents doit être +contenante+: ni être trop proche, ni trop laxiste. Il faut essayer de ne pas paniquer. Ne pas en faire trop, ne pas en faire moins et ne pas changer les habitudes. C'est un effort que doivent faire les parents car leur attitude est un facteur de bon ou mauvais pronostic sur l'évolution des troubles psycho-traumatiques.

Les parents ont la possibilité de voir si leur enfant a un comportement inquiétant (s'il dort mal, a des troubles de l’appétit, revit en boucle les évènements, se referme sur lui...) et ne doivent pas hésiter à consulter au moins un médecin généraliste et si possible un psychiatre ou un psychologue spécialiste des troubles psycho-traumatiques."

Q: Comment arbitrer entre laisser les enfants vivre leur vie et les sensibiliser au fait qu'il y a une menace permanente?

R: "Les adolescents détestent que les parents les accompagnent à l'école, à une soirée entre copains, à une sortie... Ils ont besoin de s'affirmer, de tester des limites avec les parents. L'idée de les accompagner rassure qui? Les parents. C'est une mauvaise chose. Bien sûr, on peut les accompagner à un spectacle ou au cinéma s'il s'agit d'une sortie habituelle en famille.

Les attentats ne doivent pas changer les règles dans la famille - comme l'heure à laquelle il faut rentrer à la maison - ni les assouplir, ni les durcir, mais les règles doivent être observées comme avant les attentats."

Q: Plus globalement, quelle conséquence peut avoir cette menace persistante sur la société?

R: "Dans une situation de crise durable, il y a toujours des leaders charismatiques ou des politiques qui désignent des boucs émissaires. C'est un problème extrêmement grave qu'il faut expliquer aux enfants, en leur donnant des exemples: comment depuis, la nuit des temps, on cherche toujours de faux coupables qui portent le chapeau.

Mais en règle générale on s'habitue à l'horreur. Lors de la dernière guerre mondiale, on n'allait plus systématiquement aux abris lors des bombardements. La caractéristique principale de l'humain est de s'adapter. Il y a un phénomène d’accoutumance pour survivre."

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