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Prévenir plutôt que guérir, la nouvelle tendance du thermalisme en Europe

Et si faire une cure, c'était aussi changer de mode de vie ? En complément de leurs prises en charge traditionnelles, les stations thermales européennes s'orientent de plus en plus vers le bien-être des patients et la prévention des maladies.

Ateliers de diététique, séance de méditations, cours de qi gong - gymnastique chinoise - et marche nordique: de nombreuses activités sont désormais proposées pour apprendre à prendre soin de soi pendant et... après la cure.

En France, "on a pris un virage complémentaire sur la prévention et l'éducation thérapeutique. Pendant leur cure de trois semaines, les patients ont souvent du temps libre avec trois heures de soins par jour. C'est l'occasion de leur faire prendre conscience qu'ils doivent peut-être aussi changer de style de vie", a souligné Thierry Dubois, nouvellement élu à la tête de l'Association européenne des villes thermales (ESPA) dont le congrès annuel se tenait cette semaine à Vichy (Allier).

"La moyenne d'âge des curistes en France est de 63 ans, c'est l'âge où les maladies se déclarent et peuvent être invalidantes. Il faut permettre à nos patients de rester en bonne santé le plus longtemps possible", abonde le président du Conseil national des établissements thermaux (CNETh), organisateur du congrès.

Outre l'activité physique et les conseils alimentaires, les établissements thermaux lancent ainsi tous azimuts des programmes innovants de prévention.

En Auvergne, les stations de Châtel-Guyon, du Mont-Dore et de Vichy aident les femmes en rémission complète du cancer du sein à réintégrer plus facilement leur vie sociale et professionnelle à travers un programme d'accompagnement et de réhabilitation post-thérapeutique lancé par le "cluster" Innovatherm.

Les thermes de Saujon (Charente-Maritime) ou de Néris-les-Bains (Allier), spécialisés dans le traitement des affections psychosomatiques, proposent des ateliers pour apprendre à gérer son stress au quotidien et sortir de la spirale qui mène au burnout.

- Bilans de santé -

Certains établissements thermaux d'Allemagne, de Hongrie ou de République Tchèque, comme à Karlovy Vary, vont encore plus loin en proposant des bilans de santé complets à leurs patients avant de débuter leurs cures.

Appelées de ses vœux par le CNETh, de telles initiatives ne sont pas encore d'actualité en France. "Cela permettrait pourtant de retarder de 10 ou 15 ans l'entrée dans la dépendance. A terme, elles permettraient de grandes économies à l'Assurance maladie", regrette M. Dubois.

Même chose en Italie. "Les établissements thermaux sont très désireux de se lancer dans la prévention car ils considèrent que c'est là que se joue l'avenir des spas. Mais pour le moment, le processus de remboursement ne concerne que les pathologies existantes. L’État serait d'accord sur le principe mais il n'a pas les moyens financiers suffisants", explique Laura Natali, directrice d'un établissement thermal à Cinquale, en Toscane.

Ces nouvelles prestations seraient aussi l'occasion d'une cure de jouvence pour les stations thermales, en attirant une population fortement rajeunie.

Comme en Slovaquie, où des enfants souffrant de maladies dites de la civilisation - diabète, obésité, etc. - sont accueillis avec leurs parents. "On les aide à trouver des solutions modifiant leur façon de vivre, pour qu'une fois rentrés à la maison ils continuent à adopter de bonnes pratiques améliorant leur état de santé", explique la médecin et vice-présidente de l'ESPA, Janka Zálešáková.

Pour attirer les curistes encore actifs, des établissements thermaux français proposent de fractionner dans l'année la durée obligatoire de cure thermale (trois semaines pour être en partie remboursé par la Sécu), formule qui pourrait bientôt se généraliser.

"Trois semaines de cure, c'est confiscatoire sur une vie sociale, professionnelle et familiale. On ne peut plus rester sur ce modèle. Il faut réfléchir à moduler la durée en fonction des besoins du patient", argue le président du conseil scientifique de l'Association française pour la recherche thermale (AFRETh), Christian-François Roques.

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