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Sciences: l'homme de Florès n'est pas de notre espèce (étude)

L'énigmatique homme de Florès, découvert en 2003 dans une caverne de l'île indonésienne, n'a rien d'un Homo sapiens, selon une étude publiée lundi dans le Journal of Human Evolution après plus de dix ans de controverse scientifique.

L'homme de Flores "n'a clairement pas les caractéristiques d'un Homo sapiens", explique à l'AFP Antoine Balzeau du Musée de l'Homme, chargé de recherche au CNRS. Se basant sur l'étude de la morphologie crânienne du "petit homme", le chercheur assure que "ce n'est pas possible" qu'il soit de notre espèce.

D'une taille d'environ 1m pour 25 kg, avec un cerveau de la taille de celui d'un chimpanzé, l'homme de Flores a été découvert en 2003. Depuis, son origine et son anatomie sont au cœur d'une vive controverse.

Pour certains, l'homme de Flores serait un descendant de l'Homo erectus ("homme debout") qui aurait progressivement rapetissé au fil des générations pour adapter ses besoins à des ressources peu abondantes.

Pour d’autres, il serait un Homo sapiens malade, atteint de nanisme, de microcéphalie ou encore de trisomie.

L'homme de Flores a "déchainé des passions" reconnait Antoine Balzeau. "C'est marrant de voir combien certains se sont acharnés pour trouver des explications, malheureusement parfois un peu simplistes".

Jusqu'à maintenant, les chercheurs étudiaient le crâne de l'homme de Flores à partir de clichés réalisés lors de la découverte des ossements. "On se basait sur des images où on ne voyait pas grand chose", déplore le chercheur. "C'était important de compléter la description du crâne pour arrêter de parler dans le vide".

Alors, avec Philippe Charlier, paléopathologiste et spécialiste français des énigmes médico-historiques, le chercheur s'est attelé à l’étude des examens d'imagerie, très haute résolution, réalisés récemment au Japon.

"On a eu accès à tout ce qui est à l’intérieur de l'os et on a pu étudier la structure du crâne", explique Antoine Balzeau. "Dans l'os crânien, il y a plusieurs couches différentes, pleins d'informations". Et les images dont les chercheurs disposaient jusqu'à maintenant ne permettaient pas d'aller si loin.

Selon l'étude, la structure et la forme du crâne montrent de claires ressemblances avec Homo erectus. "Il n'a aucune caractéristique de notre espèce", selon le chercheur.

"On a identifié quelques petites maladies, mais aucune des grosses maladies proposées, aucune de ces maladies d'Homo sapiens", explique Antoine Balzeau.

Mais il reste une autre question: l'homme de Flores est-il une espèce à part ou un Homo erectus un peu particulier ? "Pour le moment, on n'est pas encore tout à fait capable de trancher cette question", reconnait Antoine Balzeau.

Pour savoir, il faudra poursuivre l'étude de la forme du cerveau. "Il y aura surement plein de choses à y voir", s'enthousiasme-t-il.

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