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Situation difficile en Guyane, lancement d'Ariane reporté, écoles fermées

La situation restait très difficile jeudi en Guyane, paralysée par un mouvement de grogne sociale d'ampleur qui a conduit Arianespace à ajourner le lancement d'une fusée, et le rectorat à fermer les établissements scolaires jusqu'à nouvel ordre.

La ministre des Outre-mer Ericka Bareigts a appelé jeudi à la levée des barrages, et proposé des discussions à Paris autour de l'économie, de la santé et de la sécurité, principaux sujets de revendication, afin de "traiter sans délai les problèmes immédiats" et "finaliser" le Pacte pour l'Avenir de la Guyane, promis par François Hollande en 2013 mais toujours pas signé.

Mais en Guyane, les manifestants, qui organisent des barrages bloquants depuis lundi, "ont fait part de leur refus d'une négociation à Paris". Et les députés et sénateurs de Guyane, qui avaient demandé mercredi un plan marshall, ont jugé "inconcevable de demander aux manifestants de (...) lever les blocages pour venir s'entretenir avec les cabinets ministériels dans les bureaux parisiens".

Depuis le début de semaine, plusieurs mouvements sociaux ont été déclenchés, empêchant notamment le lancement de la fusée Ariane 5, vitrine économique du territoire. Initialement prévu lundi, le transfert de la fusée vers son pas de tir n'a jamais pu être mis en œuvre à cause d'un barrage à l'entrée du Centre spatial guyanais à Kourou et d'une grève au sein de la société Endel qui assure le transfert.

Un accord a été trouvé mercredi entre la direction d'Endel et ses salariés, portant sur la revalorisation des salaires. Mais le blocage du site se poursuivant, le directeur du Centre spatial guyanais, Didier Faivre, a annoncé, après trois reports successifs, qu'il n'y aurait "pas de lancement tant que la situation sociale ne sera pas réglée".

La mobilisation a pris une dimension plus large pour dénoncer des problèmes de santé, d’éducation, d'économie et de sécurité. Sont aussi bloqués le Grand Port Maritime, la Collectivité Territoriale de Guyane, la Préfecture, les axes routiers.

Mais parmi ces barrages, certains sont "sauvages" et source de "rackets", a dénoncé jeudi soir le préfet de la région Guyane, ordonnant aux forces de l'ordre de les "éradiquer". "Seuls les barrages dressés par les collectifs seront maintenus", a-t-il ajouté.

- Tambours et chapiteaux -

Jeudi, plus d'une dizaines de barrages ont été érigés, bloquant plusieurs ronds-points autour des villes, comme à l'entrée de Cayenne. A l'un d'eux, des manifestants ont installé de petits chapiteaux et jouaient du tambour, a constaté un journaliste de l'AFP.

Dans un communiqué, le recteur a annoncé que les écoles, collèges, lycées étaient fermés "jusqu'à nouvel ordre".

Un Boeing 777 d'Air France assurant la liaison Paris-Cayenne a dû faire demi-tour après 4 heures de vol, et un autre vol d'Air Caraïbes a été dérouté vers Pointe-à-Pitre, à la suite d'une notification de la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) sur le nombre insuffisant, à l'aéroport de Cayenne en raison des blocages, de personnel de lutte anti-incendie pour assurer la sécurité des gros-porteurs.

Certaines stations services commencent à connaître des pénuries d'essence sans plomb, et des appels à fermer les magasins ont été lancés.

Les barrages, notamment à l'initiative du syndicat UTG (Union des travailleurs guyanais)-CGT, rassemblent pêle-mêle des salariés d'EDF en grève, des personnels du centre médico-chirurgical de Kourou, inquiets d'un désengagement de La Croix Rouge qui gère l'établissement, un collectif qui réclame un commissariat à Kourou et un autre collectif contre la délinquance, "les 500 frères", qui défilent cagoulés.

Des agriculteurs bloquent aussi des locaux de la Direction de l'agriculture (DAAF), reprochant des lenteurs administratives et des refus d'aide et des transporteurs bloquent le port de Degrad des Cannes (15 km de Cayenne), inquiets de la répartition des marchés du chantier du futur pas de tir d'Ariane 6.

Les Amérindiens ont aussi appelé à se mobiliser, notamment contre le "vol" de leur terre et un projet d'extraction aurifère controversé, ainsi que les associations de lutte contre l'orpaillage.

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