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Un rapport démonte le rôle du nucléaire dans la lutte contre le changement climatique

Le nucléaire n'est pas la solution miracle pour lutter contre le changement climatique, soutient un rapport présenté mardi par plusieurs organisations non gouvernementales, qui accuse l'industrie nucléaire d'exagérer la contribution de l'atome dans ce domaine.

"L'industrie nucléaire surévalue systématiquement le rôle du nucléaire dans la lutte contre les émissions de GES (gaz à effet de serre) en appliquant un double biais", affirme le document rédigé par le cabinet WISE-Paris et commandé notamment par le Réseau Sortir du nucléaire, le Réseau action climat, France Nature Environnement et Greenpeace.

"Le premier est de comptabiliser des émissions nulles ou quasiment nulles pour le nucléaire lui-même. Le second consiste à considérer que le nucléaire vient exclusivement en remplacement de centrales thermiques fossiles (...). Le kilowattheure que vient remplacer le nucléaire apparaît alors plus carboné qu'il ne l'est en réalité", souligne-t-il.

Comme le photovoltaïque et l'éolien, le nucléaire n'émet pas directement de CO2, mais il en produit indirectement sur l'ensemble de son cycle de vie, notamment lors de l'extraction de l'uranium et sa fabrication en combustible et lors de la construction et du démantèlement des réacteurs.

Ces émissions de GES sont certes inférieures à celles des énergies fossiles comme le charbon ou le pétrole mais "le gain apporté par la substitution du nucléaire à d'autres productions diminue à mesure que le +mix+ électrique hors nucléaire est lui-même de plus en plus +décarboné+, sous l'effet de centrales thermiques de plus en plus performantes, et de la montée des énergies renouvelables" ou encore de la maîtrise de la consommation d'électricité, assure le rapport.

Selon l'étude, les émissions évitées par le nucléaire atteignent aujourd'hui environ 1,5 milliard de tonnes dans le monde, soit un peu moins de 4% des émissions de CO2.

En France, où le nucléaire assure jusqu'à 80% de la production d'électricité, les émissions de GES n'ont baissé que de 15% depuis le déploiement du parc nucléaire et restent quatre fois supérieures au niveau souhaitable, a affirmé Yves Marignac, directeur de WISE-Paris, lors d'une conférence de presse.

Le recours à l'atome s'accompagne en outre de risques tels que la prolifération militaire de l'atome ou un accident majeur comme à Tchernobyl et à Fukushima, ce dernier étant amplifié par le changement climatique même et les menaces terroristes. A cela s'ajoute l'accumulation des déchets et le problème du démantèlement.

Enfin, le rapport remet en cause la compétitivité des nouvelles technologies nucléaires, alors que les énergies renouvelables, dont les tarifs ont chuté, peuvent souvent être déployées plus rapidement et à moindre coût.

Le Réseau Sortir du nucléaire et France Nature Environnement ont par ailleurs annoncé leur intention de poursuivre l'électricien français EDF en justice pour ses publicités sur sa production d'électricité décarbonée, qu'ils qualifient de "mensongères".

Le groupe, qui exploite les 19 centrales nucléaires françaises, dit avoir produit 98% de son électricité sans émission de CO2 en 2014 et afficher 17 grammes de CO2 par kWh produit en France, "soit 20 fois moins que la moyenne européenne, qui est d'environ 300 grammes par kWh".

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