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Alibaba promet 1 million d'emplois aux Etats-Unis, un coup de com' ?

Jack Ma, le fondateur du géant chinois du e-commerce Alibaba, s'est engagé aux côtés de Donald Trump à créer un million d'emplois aux Etats-Unis. Mais l'ambitieuse promesse, difficilement réalisable, fait figure d'habile coup de communication.

Objectif du patron chinois? Gagner la bienveillance du prochain président américain et parer les attaques sur la présence de contrefaçons sur ses plateformes, déclare à l'AFP Li Chengdong, analyste indépendant du commerce en ligne.

"Cette promesse d'un million d'emplois ne doit pas être prise trop au sérieux", note-t-il.

Un tel chiffre représenterait près de 1% de l'ensemble des emplois aux Etats-Unis, et surpasserait les effectifs de la plupart des principaux employeurs privés d'Amérique, souligne Christopher Balding, professeur à l'Université de Pékin.

Le géant chinois est sur la défensive depuis son placement fin décembre par Washington sur la liste noire américaine des "marchés notoirement réputés" pour vendre des produits contrefaits. Les Etats-Unis accusent Alibaba de laxisme dans le contrôle de ces ventes, d'autant que les produits piratés contribuent à menacer des emplois américains.

La présence sur cette liste n'engendre aucune pénalité. Mais l'impact en termes d'image est désastreux, à l'heure où Alibaba entend se développer à l'international.

"La promesse sur les emplois, c'est plutôt pour réduire la pression. Pour qu'Alibaba ne devienne pas une cible une fois Trump au pouvoir", ajoute Li Chengdong. "Le problème d'Alibaba avec les contrefaçons est plutôt grave, donc l'entreprise est une cible facile."

- Casquettes à 0,48 euro -

Début janvier, Alibaba a annoncé avoir porté plainte en Chine contre deux vendeurs écoulant de fausses montres Swarovski sur Taobao, son site dédié au commerce entre particuliers. C'est la première fois que le géant chinois poursuit en justice des vendeurs de contrefaçons, dit-il.

"Jack Ma est intelligent. Il fait partie des principaux hommes d'affaires en Chine, et il connaît toute l'importance d'avoir de bonnes relations avec les dirigeants", souligne Christopher Balding.

Taobao est depuis longtemps accusé de permettre l'écoulement de copies. Et on y trouve même désormais de faux articles Donald Trump. Des casquettes frappées de son slogan "Rendre à l'Amérique sa grandeur", au prix officiel de 25 dollars (24 euros) aux Etats-Unis, se vendaient ainsi mercredi à 3,5 yuans (0,48 euro) sur Taobao.

Mais l'objectif principal d'Alibaba est surtout de proposer aux consommateurs chinois davantage de produits importés des Etats-Unis, notent des analystes.

"Ce n'est pas forcément pour créer davantage d'emplois aux Etats-Unis, mais cela fournira (aux vendeurs américains) un canal de vente supplémentaire", souligne Nell Lu, analyste du cabinet Business Connect China.

Les scandales récurrents de sécurité sanitaire en Chine ont érodé la confiance des consommateurs dans les produits locaux et stimulé leur attrait pour les articles importés: aliments, vitamines, cosmétiques, boissons ou autres compléments alimentaires.

- 'Potentiels dégâts' -

Alibaba, leader du e-commerce en Chine, progresse en Russie et en Asie du sud-est, mais sa conquête des Etats-Unis reste laborieuse, face à de féroces rivaux locaux comme Amazon et eBay.

Mais Jack Ma n'en démord pas: la moitié du revenu d'Alibaba devra provenir de l'international d'ici 10 ans.

La rencontre lundi Ma-Trump était une "bonne opération de communication" pour Alibaba et a permis de présenter Jack Ma à nombre d'Américains qui ne le connaissaient pas, note Jeffrey Towson, professeur à l'école de management Guanghua de l'Université de Pékin.

"Toute personne qui fait du commerce en Chine, et dans le monde, sait désormais ce que Trump veut entendre à propos des emplois aux Etats-Unis", souligne-t-il également.

Donald Trump a nommé la semaine dernière à la tête du gendarme boursier américain l'avocat Jay Clayton, proche d'Alibaba puisqu'il avait travaillé à son introduction en Bourse à New York.

Les médias chinois ont quant à eux salué la rencontre Ma-Trump, y voyant un signe positif de la relation économique sino-américaine.

Mercredi, le journal officiel China Daily jugeait la rencontre rassurante quant aux "potentiels dégâts" que la future administration américaine pourrait provoquer. "Il semble que (Donald Trump) soit disposé à adopter une approche moins belliqueuse et plus flexible que ses propos pourraient laisser supposer", notait le quotidien.

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