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Alstom: les salariés de Belfort toujours dans l'attente de réponses sur leur avenir

Le PDG d'Alstom a fait face lundi aux salariés du groupe industriel, mais sans "rien" leur dire, selon les syndicats, qui, dans l'attente du plan du gouvernement pour sauver l'usine de Belfort, ont appelé à la grève mardi.

Il s'agissait du premier face-à-face entre le PDG et les représentants du personnel depuis que le groupe a annoncé, il y a bientôt trois semaines, son intention d'arrêter la production de trains à Belfort d'ici à deux ans, faute de commandes.

Lors d'un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire consacré à la stratégie d'Alstom et à l'usine historique du constructeur ferroviaire, où 400 emplois sur 480 sont menacés, Henri Poupart-Lafarge s'est exprimé sur la stratégie de "compétitivité" du groupe et le "contexte" du secteur, plus que sur l'avenir du site de Belfort, selon les syndicats interrogés.

"Une réunion pour rien : il ne nous rien appris de nouveau. Il attend les décisions du gouvernement qui devraient intervenir d'ici à la fin de semaine ou début de semaine prochaine", a dit à l'AFP Daniel Dreger (CGT).

Selon Claude Mandart (CFE-CGC), le PDG a confirmé le gel de son plan pour Belfort "jusqu'à ce qu'on ait une réunion avec le gouvernement, a priori d'ici au 4 octobre", date du prochain comité de groupe européen.

"Alstom est apparemment dans un dialogue constructif avec le gouvernement" mais "sur les solutions envisagées, il n'a rien dit", a ajouté le délégué.

"Le gel ne veut rien dire tant qu’on n’a pas de certitudes sur l’avenir", a réagi le député-maire (LR) de Belfort, Damien Meslot.

Le constructeur a annoncé le 7 septembre vouloir transférer la production de locomotives de Belfort à Reichshoffen, une commune alsacienne située à 200 kilomètres, pour ne conserver dans l'usine franc-comtoise que de la maintenance.

Le secrétaire d'État à l'Industrie, Christophe Sirugue a promis aux syndicats des "réponses" avant "la fin du mois" pour sauver Belfort. Mais aucun rendez-vous n'est inscrit, cette semaine, à son agenda.

- Fermer Belfort, une "hérésie" -

"Un plan alternatif (...) est atteignable, mais il faut encore valider quelques étapes", affirme lundi une source proche du dossier citée par Le Monde, qui évoque les dates des 3 ou 4 octobre et un plan "global" pour les 12 sites français d'Alstom.

A sept mois de l'élection présidentielle, l'avenir du site de Belfort est devenu un enjeu politique, d'autant que l'État possède 20% du capital d'Alstom. François Hollande a fait de son maintien un "objectif", soucieux d'éviter une déflagration similaire à la fermeture des hauts-fourneaux de Florange, en Lorraine, en début de quinquennat.

L'exécutif cherche notamment les moyens d'apporter "des commandes" au groupe et plus globalement de pérenniser la filière ferroviaire française, délaissée depuis plus d'une dizaine d'années par les gouvernements successifs, selon les syndicats.

En coulisses, le gouvernement a ainsi mis la pression sur la SNCF, priée de conclure au plus vite une négociation avec Alstom pour l'achat de six TGV pour la ligne Paris-Turin-Milan.

L'ancien ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a de son côté écrit au ministre de l'Économie, Michel Sapin, pour qu'il intervienne auprès de l'Inde et que le site de Belfort soit chargé de la construction d'une centaine de locomotives dans le cadre d'un contrat plus important signé avec New Delhi.

Pour Christian Garnier, représentant CGT Alstom, fermer le site serait "une hérésie" et signerait "la mort du savoir-faire" du groupe en France en matière de construction de locomotives.

"Le carnet de commandes n'est pas vide", mais "ils le donnent à d'autres", souligne le syndicaliste en fustigeant une logique de "délocalisation" pour satisfaire "les exigences financières des actionnaires".

Mardi, les "Alsthommes" se feront entendre. Les 9.000 salariés du groupe en France sont appelés à la grève par l'intersyndicale (CFE-CGC, CGT, CFDT, FO) qui organise une manifestation à 11h00 devant le siège. Symboliquement, ils ont choisi d'affréter un TGV pour venir de Belfort et d'Ornans (Doubs). Entre "1.000 et 1.500 personnes" sont attendues, d'après un des organisateurs.

Le même jour, M. Poupart-Lafarge sera auditionné à l'Assemblée nationale par la commission des Affaires économiques.

Samedi, des milliers de personnes (3.500 selon la police, 5.000 selon la mairie) ont défilé à Belfort où la quasi-totalité des commerçants avaient fermé boutique en signe de solidarité avec les "Alsthommes".

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