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Après le règne de Maurice Lévy, Publicis ouvre l'ère Sadoun

Arthur Sadoun va accéder jeudi au poste de PDG de Publicis : un changement d'ère pour le numéro trois mondial de la publicité dirigé depuis une trentaine d'années par Maurice Lévy et qui doit relever des défis complexes.

C'est au lendemain de l'assemblée générale du groupe, qui se tiendra mercredi, que le nouveau dirigeant de 46 ans prendra les commandes de Publicis et occupera le bureau de son prédécesseur au 133, Avenue des Champs Elysées, le siège futuriste du groupe.

Il devra faire fructifier le legs de Maurice Lévy, qui a fait passer Publicis d'une entreprise de taille moyenne de quelque 3.000 personnes à un groupe mondial de 80.000 employés et de 9,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier.

Arthur Sadoun, jusqu'ici PDG de Publicis Communications, va devoir s'imposer après un patron très charismatique, habitué de Davos et au carnet d'adresse très étoffé, qui tutoyait les plus grands de la planète.

Maurice Lévy a d'abord repoussé sa succession après l'échec en 2014 d'une ambitieuse fusion avec le groupe américain Omnicom.

Il a tenté de laisser une maison en ordre à son dauphin, en compensant les faiblesses du groupe dans le numérique par l'acquisition de la société Sapient aux Etats-Unis en 2015.

Et il a parachevé une vaste réorganisation de ses agences en cassant les silos d'activité pour présenter des offres complètes aux clients.

Maurice Lévy a poussé le perfectionnisme jusqu'à laisser en héritage un Drugstore Publicis -- l'emblématique établissement situé au rez-de-chaussée du siège du groupe sur les Champs Elysées -- rénové pour retrouver l'esprit vintage des "Mad Men", les génies de la pub des années 1960.

Sa mise en retrait est cependant toute relative puisqu'il restera président du conseil de surveillance de Publicis, à la demande d'Elisabeth Badinter, fille du fondateur Marcel Bleustein-Blanchet et premier actionnaire du groupe.

Il animera cette année des séminaires aux Cannes Lions, rendez-vous annuel des publicitaires, et il devrait rester impliqué dans l'évènement Viva Technology, grand messe des start-up et des grands groupes organisée en juin par Publicis et Les Echos.

- Le défi de la croissance -

Mais les finances du groupe représentent un héritage qui ne sera pas si simple à assumer pour Arthur Sadoun.

Publicis affiche une croissance organique, indicateur clef du secteur, inférieure à ses pairs depuis quatre ans, à cause des perturbations causées par son mariage annulé avec Omnicom et d'importantes pertes de budgets aux Etats-Unis.

Cette croissance organique a atteint modestement de 0,7% en 2016 et devrait être négative au premier semestre de 2017 même si le groupe promet un rebond à partir du deuxième semestre.

"Le premier défi sera de relever le niveau de la croissance organique pour le placer en ligne avec le secteur. Ce n'est pas gagné puisque le groupe a toujours un problème aux Etats-Unis avec le digital", note Jean-Baptiste Sergeant, analyste du cabinet MainFirst interrogé par l'AFP.

Maurice Lévy, a donné par ailleurs aux investisseurs un objectif ambitieux de marge opérationnelle de 17,3% en 2018 (à comparer avec 15,6% en 2016) qui place la barre très haut pour son successeur.

"Il est assez probable qu'Arthur Sadoun se défasse de cet objectif", estime Jean-Baptiste Sergeant.

Publicis, comme ses concurrents, fait aussi face au poids grandissant de Google ou Facebook, qui captent presque l'essentiel de la croissance de la publicité numérique de plus en plus demandeuse d'investissements dans les technologies.

Sans parler des grands cabinets de conseils (Accenture, PwC ou Deloitte notamment) qui sont aussi en embuscade et commencent à participer aux compétitions pour les budgets communication de certains clients.

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