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Argentine: poursuivie par les affaires, l'ex-présidente Kirchner sera jugée

La situation judiciaire de l'ex-présidente argentine Cristina Kirchner (2007-2015) s'aggrave : elle sera jugée pour un délit financier polémique, selon une décision rendue publique mardi, alors qu'elle est déjà inculpée dans deux graves affaires de corruption.

Dans l'affaire dite du "dollar futur", elle est accusée d'avoir causé un préjudice à l'Etat au cours d'une opération de spéculation sur les taux de change réalisée par la Banque centrale en 2015, la dernière des huit années de son mandat.

Outre Cristina Kirchner, 64 ans, son ministre de l'Economie au moment des faits, Axel Kicillof, et l'ex-président de la Banque centrale d'Argentine (BCRA), Alejandro Vanoli, seront également sur le banc des accusés, a annoncé le Centre d'information judiciaire (CIJ), dépendant de la Cour suprême, qui a rendu publique la décision.

La date du procès n'a pas encore été communiquée.

L'annonce de ce renvoi devant la justice intervient à un moment où les tensions sociales sont fortes en Argentine et où de nombreux partisans de Cristina Kirchner manifestent contre la politique du président de centre droit Mauricio Macri, qui a succédé à Mme Kirchner fin 2015.

Des élections législatives de mi-mandat auront lieu en octobre et une des incertitudes de la campagne porte sur un éventuel retour au premier plan de Mme Kirchner. Depuis qu'elle a quitté le pouvoir en décembre 2015, elle vit en Patagonie (sud), en retrait de la vie politique.

Elle dénonce une persécution politique du gouvernement, qui, de son côté, assure ne pas chercher à influer sur la justice.

Le juge Claudio Bonadio, chargé d'instruire le dossier, accuse Mme Kirchner et les deux autres prévenus d'"administration frauduleuse" et d'avoir fait perdre beaucoup d'argent à l'Etat argentin, selon la décision du juge rendue publique mardi.

Les personnes poursuivies rétorquent que ces opérations avaient pour but de stabiliser la monnaie argentine.

- Tribune politique ? -

Mme Kirchner, avocate avant d'entrer en politique, a demandé à être jugée, alors qu'elle aurait pu faire appel de son renvoi devant un tribunal.

Contacté par l'AFP, le sociologue Ricardo Rouvier estime que le procès n'aura pas d'impact sur l'opinion publique et s'attend plutôt à ce que l'ex-présidente s'en serve comme d'une "tribune politique".

Au moment de sa première convocation devant la justice, voici un an, des dizaines de milliers de ses sympathisants s'était rassemblés devant le palais de justice et elle avait polarisé l'attention pendant trois jours.

"Cette affaire peut se politiser, remarque-t-il, car il ne faut pas oublier que des fonctionnaires du gouvernement actuel sont cités (dans un autre volet de cette affaire)", pour avoir fait des profits juteux en spéculant sur le taux de change peso-dollar.

Dans un tweet, l'ancienne présidente a rétorqué que le numéro 3 du gouvernement actuel, Mario Quintana, un homme d'affaires passé à la politique, a gagné de l'argent dans l'opération.

Les ennuis judiciaires se sont multipliés ces derniers mois pour Cristina Kirchner, inculpée dans deux affaires de corruption pour des marchés publics truqués et de versement de dessous-de-table, en lien avec l'homme d'affaires proche du clan Kirchner, Lazaro Baez.

Ce dernier, en prison préventive, s'est considérablement enrichi sous les mandats de Nestor (2003-2007) et de Cristina Kirchner (2007-2015), bénéficiant notamment de contrats de travaux publics dans la province de Santa Cruz, le fief des Kirchner, en Patagonie.

Dans ce dossier, outre l'ex-présidente, deux ministres sont inculpés : le ministre de la Planification des années Kirchner, Julio de Vido, et l'ancien vice-ministre des Travaux publics José López, pris en juin en flagrant délit de dissimulation de neuf millions de dollars en liquide dans un couvent.

Les procédures judiciaires en cours n'empêchent pas Mme Kirchner de se présenter aux législatives d'octobre et l'"affaire du dollar futur", estime le politologue Rosendo Fraga, "est celle qui lui est le plus favorable", car sa responsabilité sera difficile à prouver.

Selon lui, Cristina Kirchner sera candidate à un poste de sénatrice, ce qui lui donnerait une immunité parlementaire.

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