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En Chine, Auchan s'allie à Alibaba pour bousculer le commerce traditionnel

Auchan a conclu une alliance avec le géant chinois de la vente sur internet Alibaba pour développer des passerelles entre commerce traditionnel et numérique en Chine, où prospèrent les projets de supérettes hyperconnectées et où se multiplient les interactions entre magasins et plateformes en ligne.

Aux termes d'une "alliance stratégique" dévoilée lundi, Alibaba, le groupe de l'emblématique multimilliardaire Jack Ma, va investir 2,44 milliards d'euros dans Sun Art Retail Group, l'un des principaux exploitants d'hypermarchés en Chine, dont le distributeur français possède plus du tiers du capital.

Objectif: combiner l'expertise des deux entreprises dans le commerce traditionnel et la vente en ligne, selon un communiqué commun. "La nouvelle alliance permettra à l'ensemble des activités de Sun Art de bénéficier de l'écosystème digital d'Alibaba", expliquent-elles.

D'un côté, le spécialiste français des grandes surfaces en dur, implanté en Chine depuis 1999 via sa participation dans Sun Art, qui comptait fin juin près de 450 hypermarchés sous les enseignes Auchan et RT-Mart et qui se présente comme le leader de la distribution alimentaire physique dans le pays. Le géant asiatique reste une locomotive des revenus d'Auchan.

De l'autre côté, le numéro un chinois du commerce électronique. Alibaba domine plus de 50% du marché des ventes d'entreprise aux particuliers sur internet, via sa plateforme Tmall. Il veut continuer à se développer en misant sur les passerelles avec le hors-ligne, les contenus numériques et l'intelligence artificielle, autant de façons de doper achats et recettes publicitaires.

- 'Nouveau commerce' -

"Les magasins physiques sont incontournables" pour les consommateurs, mais "à l'ère du numérique, ils doivent être enrichis par des services personnalisés grâce aux technologies de traitement des données" les concernant, fait valoir Daniel Zhang, directeur général d'Alibaba, cité dans le communiqué.

De fait, l'opération s'inscrit dans la stratégie de "nouveau commerce de détail" que le mastodonte de Hangzhou (est de la Chine) déploie tous azimuts: à l'image du revirement stratégique de son alter-ego américain Amazon -- qui a racheté la chaîne d'alimentation Whole Foods --, Alibaba enchaîne les rapprochements avec des chaînes de magasins en dur.

Après avoir racheté 20% du distributeur d'électroménager Suning l'an dernier, tout en augmentant sa participation dans l'opérateur de centres commerciaux Intime, Alibaba a conclu en février un partenariat stratégique avec un géant de la distribution, Shanghai Bailian.

Le groupe a également lancé une chaîne de supermarchés hyper-connectés, Hema, spécialisée dans les produits frais, et permettant notamment aux consommateurs de garnir leur panier en ligne avant une visite en magasin, de scanner eux-mêmes les articles, et surtout de simplifier les livraisons et la gestion des stocks en fonction de la demande.

Plus généralement, Alibaba veut utiliser son immense collecte de données d'usagers en ligne pour aider les magasins en dur à mieux s'adapter aux fluctuations de la consommation, en anticipant les besoins avec des stocks adéquats. En retour, le géant de l'e-commerce mise sur ces points de vente physiques pour affiner ses algorithmes, diversifier ses circuits de livraison et doper ses commandes.

"Nous avons une vision commune de l'avenir du commerce de détail en Chine", souligne Wilhelm Hubner, directeur général d'Auchan Retail, vantant "une expérience d'achat intégrée".

Auchan fait ses premiers pas sur le créneau depuis l'été dernier. Après avoir testé des mini-supérettes entièrement automatisées et sans personnel, sous la marque "Auchan Minute", Sun Art se prépare à déployer le concept dans le pays. Dans ces toutes petites surfaces, les clients scannent et règlent avec leur smartphone des articles du quotidien, un geste intuitif pour des consommateurs chinois habitués aux systèmes de paiement électronique.

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