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UniCredit: les actionnaires approuvent l'augmentation de capital

Les actionnaires de la banque italienne UniCredit, engagée dans une vaste réorganisation sous la houlette de son nouveau patron, Jean-Pierre Mustier, ont approuvé jeudi à la quasi-unanimité son augmentation de capital de 13 milliards d'euros prévue pour renforcer sa solidité.

Cette recapitalisation interviendra après une annus horribilis pour les banques italiennes, en particulier pour la Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS), qui devra finalement être nationalisée après l'échec d'une recapitalisation sur le marché en décembre.

Le titre UniCredit a lui-même perdu 43% depuis un an, même s'il a amorcé une reprise ces trois derniers mois (+25%), en particulier après l'annonce d'un nouveau plan stratégique le 13 décembre. Ce qui, a affirmé son président, Giuseppe Vita, jeudi devant les actionnaires, montre que "le marché croit dans (sa) validité".

Ce plan, conçu sous l'égide de M. Mustier, aux commandes depuis juillet, prévoit outre l'augmentation de capital une réduction massive des effectifs, une amélioration de la qualité des actifs et de la gestion des risques.

99,6% des actionnaires présents ou représentés (52% du capital a participé au vote) se sont prononcés en faveur de la recapitalisation, qui doit être menée, selon M. Mustier, avant le 10 mars. Selon des informations de presse, UniCredit pourrait proposer un rabais important, avec des titres émis autour de 1,2 à 1,3 euro contre un cours à 2,6 euros jeudi.

M. Mustier va poursuivre dans les semaines à venir son tour des potentiels investisseurs, de Londres à Hong Kong en passant par New York, pour les convaincre de participer à cette quatrième augmentation de capital menée par UniCredit depuis 2008, le plus important appel au marché jamais lancé en Italie.

Après des mois tumultueux, le contexte est désormais un peu plus favorable avec la décision du gouvernement, fin décembre, de débloquer 20 milliards d'euros pour aider les banques les plus en difficulté et un certain apaisement politique.

"De nombreux investisseurs institutionnels, européens et américains, sont intéressés", a souligné M. Mustier dans un entretien à La Stampa, en évoquant un "moment favorable".

Avec "le plan de 20 milliards" et "la fin de l'effet référendum, le risque perçu sur l'Italie a diminué", a-t-il noté, en affirmant que le secteur bancaire suscitait aussi "de nouveau l'intérêt avec la perspective d'une hausse des taux et de l'inflation".

- "Signaux très clairs" -

M. Mustier a eu "une rencontre très positive" avec le deuxième actionnaire d'UniCredit, le fonds émirati Aabar Investments, mais celui-ci n'a pas encore pris de décision, a précisé le vice-président de la banque, Luca Cordero di Montezemolo.

Un succès serait un signe de confiance important donné par le marché, alors que les banques italiennes, plombées par quelque 350 milliards de créances douteuses - des prêts risquant de ne jamais être remboursés - et par leur faible rentabilité, suscitent de vives inquiétudes.

Depuis son arrivée, M. Mustier a oeuvré tous azimuts: il a vendu la filiale de gestion d'actifs Pioneer Investments, 30% de la filiale de courtage en ligne FinecoBank et la majeure partie de sa participation dans la banque polonaise Pekao.

UniCredit figurait parmi les banques les moins performantes lors de tests de résistance publiés fin juillet par l'Autorité bancaire européenne.

Pour renforcer sa solidité, la première banque italienne en terme d'actifs va aussi se débarrasser de 17,7 milliards d'euros de créances douteuses et 6 milliards de crédits détériorés pour solder "l'héritage négatif du passé".

L'objectif d'UniCredit, qui veut devenir "une des banques les plus attrayantes d'Europe", est d'atteindre un ratio de fonds durs propres "CET1 fully-loaded" au-dessus de 12,5% et un bénéfice net de 4,7 milliards d'euros fin 2019.

Pour y parvenir, le plan prévoit la suppression de 14.000 équivalents temps plein (sur 101.000) et la fermeture d'un quart des 3.809 agences en Europe occidentale.

UniCredit entend s'imposer comme "une grande banque commerciale paneuropéenne", avec un modèle simple face à des réglementations de plus en plus complexes, a souligné M. Mustier, qui participe à l'effort en diminuant de 40% son salaire fixe et en renonçant à un bonus.

Avec ce plan, M. Mustier "a donné des signaux très clairs au marché", a déclaré à l'AFP Marco Giorgino, professeur à l'école Polytechnique de Milan, estimant que le plan allait dans "la bonne direction pour ramener la banque à des niveaux de profitabilité qui faisaient défaut depuis trop longtemps".

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