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Banques italiennes: opérations coûteuses mais espoir d'améliorer la stabilité

Le sauvetage de deux banques vénitiennes, avec celui de la BMPS, se révèlera coûteux pour les contribuables italiens mais devrait permettre d'améliorer un peu plus la stabilité du système bancaire, qui inquiète depuis des années.

Rome s'est engagé dimanche à mobiliser jusqu'à 17 milliards d'euros pour sauver les activités saines et éponger les créances douteuses de Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca, qui représentaient une menace pour le système financier du pays. L'opération se traduit dans l'immédiat par un versement de quelque 5 milliards d'euros.

Les deux établissements régionaux seront liquidés, mais leurs actifs sains repris par Intesa Sanpaolo, la plus grande banque du pays, et la plus stable, permettant d'éviter des licenciements secs et de protéger les déposants.

L'opération est "un happy end pour les banques italiennes car il supprime le risque systémique", ont estimé les analystes de Crédit Suisse.

Sans intervention de l'Etat, il y avait un "risque d'effet domino", a affirmé le président d'Intesa Sanpaolo, Gian Maria Gros-Pietro: la "défaillance" des deux établissements aurait entraîné "une intervention immédiate du fonds de résolution interbancaire (alimenté au prorata par toutes les banques italiennes) pour un montant estimé à 12-13 milliards d'euros", ce qui "aurait probablement mis en difficulté un certain nombre de banques au patrimoine insuffisant".

Luis de Guindos, ministre de l'Economie de l'Espagne, où Banco popular a été cédée pour un euro à son concurrent sans aide d'Etat, a indiqué que "ce qu'est en train de faire l'Italie est ce qu'a fait l'Espagne en 2012" pour assainir le système bancaire. "En Italie, actuellement, la restructuration est impossible sans aides publiques", a-t-il estimé.

Berlin a pour sa part jugé que toute aide publique à des banques en difficultés devrait être réduite au minimum.

- Equivalent à 1% du PIB -

L'opération se révèlera en effet "coûteuse pour les contribuables" italiens, avertit Franco Quillico, professeur de finances à l'école de commerce de Polytechnique à Milan, interrogé par l'AFP.

Si le montant mobilisé par l'Etat va jusqu'à 17 milliards, "cela représentera 1% du PIB italien!", note Lorenzo Codogno, chef économiste de LC Macro Advisors.

Et ce alors même que le système bancaire italien, en particulier Intesa et UniCredit, avaient déjà "mis 3,5 milliards d'euros dans ces deux banques", rappelle M. Quillico.

Selon lui, la solution est toutefois positive pour le système bancaire et, en particulier, pour Intesa. Pour le pays, en revanche, le résultat est "plus mitigé", même si l'objectif est de sauver des banques ayant un "rôle stratégique dans une région riche", la Vénitie, qui connaît le plus fort taux de croissance du pays.

Rome avait débloqué 20 milliards d'euros fin 2016 pour aider les banques. Huit à neuf milliards, selon M. Codogno, devraient être utilisés pour recapitaliser la BMPS, maillon faible du système, qui avait focalisé les regards l'an passé et sera nationalisée dans les prochaines semaines. Pour les banques vénitiennes, les cinq milliards viendront aussi de cette enveloppe, mais Rome a promis de travailler au maximum pour récupérer ce montant à partir du stock de créances douteuses.

- "Pas significatif" -

D'après M. Codogno, l'opération "préserve la stabilité financière" et représente "un pas significatif vers la résolution des problèmes", en retirant 18 milliards d'euros de créances douteuses du système.

Mais "la morale de cette histoire est que plus on attend pour résoudre des problèmes bancaires, pire la situation devient", note l'ancien directeur général au ministère des Finances italien: "on aurait dû s'attaquer au problème général il y a bien longtemps et les responsabilités sont également partagées entre Rome, Bruxelles et Francfort".

L'Italie a pris conscience du défi et s'est attaquée ces deux dernières années tant à l'éclatement du système bancaire - qui compte 700 établissements différents - qu'à la question des créances douteuses, qui s'élèvent à quelque 350 milliards d'euros. Ces prêts, qui ont peu de chance d'être remboursés, représentent un facteur de fragilité pour les banques et un frein à la croissance économique, les établissements financiers étant extrêmement réticents à accorder de nouveaux prêts.

Des signes de redressement sont apparus ces derniers mois avec la fusion entre Banco Popolare et BPM ou l'importante restructuration menée par UniCredit.

Mais des dossiers restent encore sur la table, comme la BMPS, qui négocie encore avec Bruxelles, souligne M. Quillico. Des banques de taille bien moindre suscitent aussi quelques inquiétudes tandis que la faiblesse de la croissance fragilise les entreprises et, par effet domino, les banques elles-mêmes, via les crédits.

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