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Brésil: le scandale Petrobras vire à la tourmente politique

Au Brésil, la demande d'enquête sur 54 personnes, dont plusieurs parlementaires, impliquées dans le retentissant scandale de corruption au sein du groupe pétrolier Petrobras, provoque une tourmente dans les relations entre le gouvernement et ses alliés.

Incontournable pour gouverner, le parti centriste PMDB, un allié-clé du gouvernement de la présidente Dilma Rousseff, et dont plusieurs membres figureraient dans la liste des suspects, donne déjà des signes de rébellion.

Cela menace l'ajustement budgétaire que le pays veut faire pour relancer la croissance dans une économie en berne depuis cinq ans.

Le sénateur Renan Calheiros, président du Congrès, et le député Eduardo Cunha, président de la Chambre basse, tous deux du PMDB, figurent, selon la presse, dans la liste et pourraient faire l'objet d'une enquête si la Cour suprême donne son feu vert.

Les noms des 54 personnes impliquées n'ont pas été divulgués mais le procureur général du Brésil Rodrigo Janot, qui a présenté la requête mardi soir auprès de la Cour suprême, a sollicité la levée du secret de l'instruction.

- Déclaration de guerre -

Ce même mardi soir, M. Calheiros a rejeté contre toute attente une mesure-clé de l'ajustement budgétaire qui mettait fin aux bénéfices fiscaux des entrepreneurs, ce qui a été interprété par les analystes comme une déclaration de guerre du législatif envers l'exécutif.

Le PMDB est la première force politique au Sénat et la seconde à la Chambre basse, derrière le Parti des travailleurs (PT-gauche) de Dilma Rousseff, au pouvoir depuis douze ans.

"Qu'on enquête sur tout mais j'espère que ce ne sera pas des enquêtes de nature politique", a réagi le président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha, devant la presse.

"Non. Je ne suis pas au courant", s'est limité à dire, quant à lui, Renan Calheiros, président du Sénat dont la décision de rejeter la mesure d'ajustement budgétaire a été applaudie par l'opposition. Sur les réseaux sociaux, de nombreux Brésiliens appellent à protester dans tout le pays le 15 mars pour exiger la destitution de Dilma Rousseff.

Mais, malgré les critiques sur sa façon de gérer la crise, la chef de l'Etat ne semble pas prête à céder : moins de deux heures après le rejet de la mesure, elle l'a renvoyée au Sénat sous forme de projet de loi urgent.

Au milieu de l'incertitude sur les coupes budgétaires, le dollar a frôlé mercredi les 3 réais, du jamais vu depuis août 2004.

La Banque centrale a encore relevé mercredi soir son taux d'intérêt directeur, d'un demi-point de pourcentage à 12,75% l'an, pour lutter contre l'inflation.

Le marché table sur une hausse des prix à la consommation de 7,47% cette année et un recul du PIB de 0,58%, après sans doute une contraction en 2014 (le chiffre sera connu fin mars).

- 'Le mal est fait' -

Avec la présidente Rousseff en perte de popularité de 19 points à 23% en février, d'après le dernier sondage Datafolha, et au milieu "d'une crise économique, il faut voir comment avec ce groupe de 54 noms, dont ceux des présidents de la Chambre et du Sénat, ils vont discuter d'un programme complexe d'ajustement budgétaire" prioritaire pour le gouvernement, souligne André César, analyste politique indépendant à Brasilia.

"Le mal est fait (...), quelle sera l'ampleur des dégâts, cela va dépendre du comportement du gouvernement. Il faut amener le PMDB à discuter cette semaine, l'inclure dans la formulation de politiques stratégiques, c'est fondamental pour sortir de la crise le mieux possible", a-t-il ajouté.

Mme Rousseff a commencé de fait à inviter au cours des derniers jours des dirigeants des partis de la coalition dans des réunions à la présidence

Le scandale de corruption au sein du groupe pétrolier Petrobras, première entreprise du pays, a éclaté en mars 2014. Les enquêteurs ont découvert un système généralisé de pots-de-vin versés depuis une dizaine d'années par les principales entreprises de construction du pays à des responsables de Petrobras en échange de contrats juteux.

Une partie de ces pots-de-vin étaient reversés au PT de la présidente Dilma Rousseff ainsi qu'à de nombreux élus ou partis de sa coalition parlementaire, comme à certains opposants.

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