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Brexit: l'inflation britannique monte à 3%, sommet en vue

L'inflation au Royaume-Uni vient de toucher 3% pour la première fois depuis cinq ans, dopée par la baisse de la livre sur fond de Brexit, et pourrait atteindre un pic d'ici à la fin de l'année d'après la Banque d'Angleterre.

L'Office des statistiques nationales (ONS) a annoncé mardi que les prix à la consommation avaient grimpé de 3% en septembre sur un an, ce qui n'était plus arrivé depuis avril 2012.

L'inflation, quasi nulle tout au long de 2015, a commencé à s'élever en début d'année dernière avant de recevoir un coup de fouet avec le référendum du 23 juin 2016 au cours duquel les Britanniques ont décidé de quitter l'Union européenne.

Cette décision choc a entraîné une dégringolade de la livre sterling, les cambistes tablant sur de moins bonnes perspectives économiques pour le Royaume-Uni à cause du Brexit. Mardi, la monnaie britannique valait 14% de moins face à l'euro et 11% de moins face au dollar par rapport à sa cotation du 23 juin 2016.

L'ONS a cité cette dépréciation consécutive au référendum comme une des principales causes de l'accélération de l'inflation car le coût des denrées importées en est automatiquement renchéri. L'institut a aussi évoqué la hausse des prix des matières premières dans le monde.

"Le taux d'inflation du Royaume-Uni est plus élevé que pour les autres pays européens, y compris les grandes économies d'Europe de l'ouest", a constaté l'ONS.

La hausse des produits alimentaires, biens essentiels par excellence, a notamment atteint 3,4% et particulièrement tiré les prix, aussi dopés par le renchérissement des biens culturels et de loisirs et des coûts des transports.

- Pouvoir d'achat sous pression -

Cette accélération de l'inflation est une mauvaise nouvelle pour les ménages britanniques, qui voient leur pouvoir d'achat s'éroder depuis des mois. Bien que le taux de chômage soit au plus bas depuis 1975, les salaires peinent à suivre l'échappée belle des prix à la consommation.

Entre mai et juillet, soit la dernière période de référence disponible, le pouvoir d'achat s'est effrité de 0,4%, les chiffres pour la période de juin à août étant attendus mercredi.

"Nous comprenons que les familles ressentent les effets de l'inflation et nous les aidons pour leurs dépenses courantes", a expliqué un porte-parole du Trésor britannique. Le gouvernement a rappelé avoir gelé les taxes sur l'essence, augmenté les aides pour la petite enfance, réduit l'impôt sur le revenu et élevé le salaire minimum.

Reste que cette vigueur des prix met sous pression non seulement le gouvernement, déjà embourbé dans de difficiles négociations sur le Brexit avec Bruxelles, mais aussi la Banque d'Angleterre (BoE) qui est chargée de veiller à ce que les prix augmentent à un rythme modéré proche de 2%.

Plusieurs membres du comité de politique monétaire (CPM) de la Banque d'Angleterre (BoE) ont envoyé des signaux laissant penser que l'institut pourrait augmenter son taux directeur à l'issue de la prochaine réunion du CPM le 2 novembre.

La BoE avait abaissé ce taux au niveau historiquement bas de 0,25% dans les semaines qui avaient suivi le vote pour le Brexit afin de soutenir l'économie britannique face aux turbulences attendues de cette aventure inédite.

La pression va donc se renforcer sur la banque centrale, dont le gouverneur est toutefois resté prudent mardi alors que la BoE veut éviter de freiner davantage une économie déjà ralentie par le poids des incertitudes autour du Brexit.

"Nous nous attendons à ce que l'inflation atteigne un pic en octobre et novembre et donc dépasse potentiellement le niveau des 3%", a prévenu le gouverneur Mark Carney, interrogé par la commission du Trésor du Parlement.

Il a rappelé à cette occasion que plusieurs membres du CPM estiment qu'une hausse des taux serait "appropriée" dans les mois à venir.

De nombreux analystes estimaient toutefois que l'inflation devrait s'apaiser l'an prochain, à mesure que l'impact de la chute de la livre aura été consommé.

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