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Bruxelles défend sa vision de l'euro du futur

La Commission européenne a détaillé mercredi ses propositions pour réformer la zone euro, qui manquent par certains aspects d'ambition selon Paris et auxquelles Berlin a promis de répondre l'an prochain.

Promis en septembre dernier par le président de l'exécutif européen, Jean-Claude Juncker, le "paquet de la Saint-Nicolas", comme l'a surnommé avec ironie le ministre allemand des Finances par intérim, Peter Altmaier, est censé nourrir les discussions des chefs d'Etats et de gouvernement de l'UE lors d'un sommet européen le 15 décembre prochain à Bruxelles.

Ces derniers espèrent prendre de premières décisions concrètes pour réformer la zone euro en juin 2018.

Le projet de Bruxelles prévoit la création d'un Fonds monétaire européen (FME) pour mi-2019, l'établissement d'une ligne budgétaire dédiée à la zone euro dans le cadre du budget de l'UE --notamment pour stabiliser la zone euro en cas de choc économique-- et un super ministre européen des Finances.

"Nous allons examiner ces propositions très soigneusement, de façon très constructive et attentive. Nous ferons part de nos propres propositions l'an prochain", a dit M. Altmaier, proche de la chancelière Angela Merkel.

Alors que le président français Emmanuel Macron a lui-même présenté ses idées sur l'avenir de la monnaie unique en septembre dernier à la Sorbonne, à Paris, Mme Merkel, qui n'est toujours pas parvenue à former un nouveau gouvernement, faute de partenaire de coalition, est pour l'instant restée en retrait dans le débat.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, membre du parti social-démocrate qui réfléchit à une nouvelle alliance avec les conservateurs de Mme Merkel, a jugé quant à lui que les propositions allaient "dans le bon sens".

A Bercy, on estime que la France est plus "ambitieuse" que l'exécutif européen en matière de réformes, en particulier sur les questions budgétaires.

Le président Emmanuel Macron avait en effet plaidé pour l'établissement d'un budget conséquent spécifique à la zone euro, et non une simple ligne dans le budget de l'UE, comme le propose Bruxelles.

- Fonds monétaire européen -

La proposition la plus concrète de l'exécutif européen et susceptible d'être adoptée le plus rapidement est sans aucun doute de transformer le Mécanisme européen de stabilité (MES), organe intergouvernemental de gestion de crise, créé par les 19 États membres de la zone euro, en Fonds monétaire européen.

Le MES, qui a joué déjà un rôle très important dans le dernier programme d'aide à la Grèce, pourrait ainsi se substituer au FMI, basé à Washington, dans les futurs programmes d'aide aux pays en difficulté.

Financé par les États, ce FME pourrait aussi endosser un rôle de garant des banques en difficulté dans la zone euro, au cas où les mesures déjà prévues par les établissements financiers et les États nationaux dans le cadre de l'Union bancaire ne seraient pas suffisantes.

L'exécutif européen souhaiterait voir ce futur FME fermement ancré dans les règles et les compétences de l'UE, qu'il devienne un "organe communautaire", "responsable devant le Parlement européen", a précisé le Commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

Actuellement, le MES -- dirigé par un conseil des gouverneurs composé des ministres des Finances des pays de la zone euro -- est un organisme intergouvernemental.

Cette idée de le transformer en organisme communautaire risque d'inquiéter Berlin, plus gros contributeur financier au MES, qui perdrait de son influence. Les droits de vote au MES sont en effet proportionnels à la contribution au capital.

Quant à l'idée d'un ministre européen des Finances, qui cumulerait "les fonctions de commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires et président de l'Eurogroupe" --ce cénacle qui réunit chaque mois les ministres des Finances de la zone euro-- Paris y est favorable, mais elle n'enchante pas spécialement les Allemands.

Tout dépend des compétences qu'il aura, avaient-ils prévenu.

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