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Budgets: la Commission européenne épingle huit pays, dont l'Italie

La Commission européenne a épinglé mercredi huit pays, dont l'Italie, sur leurs projets budgétaires 2017, leur enjoignant de faire des efforts sous peine de sanctions.

Bruxelles estime que les budgets italien, espagnol, portugais, belge, finlandais, slovène, chypriote et lituanien présentent "un risque de non-conformité" avec les règles européennes.

"Pour Chypre et l'Italie, les écarts" avec les objectifs fixés "sont plus larges", a précisé le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

"Une part significative" de l'écart constaté pour l'Italie "est due aux coûts liés à l'activité sismique dans ce pays, qui a été importante et dramatique cette année, ainsi qu'aux coûts engendrés par l'afflux de migrants", a-t-il nuancé. "Nous prendrons cela en considération."

En théorie, les règles européennes prévoient des amendes pouvant atteindre 0,2% du produit intérieur brut (PIB) et la suspension de fonds structurels européens si un pays ne parvient pas à atteindre ses objectifs.

Mais ces sanctions n'ont jamais été appliquées jusqu'ici.

Ce risque a bien été encouru par l'Espagne et le Portugal après leur dérapage budgétaire en 2015, mais les deux pays ont finalement échappé aux amendes cet été et la Commission a annoncé mercredi qu'elle levait la menace de suspension des fonds structurels européens,,qui visent en particulier à réduire les écarts de développement en Europe.

"Je sais que c'était attendu et c'est évidemment une bonne nouvelle pour les deux pays", a affirmé Pierre Moscovici.

Une "excellente nouvelle", a surenchéri, au nom du gouvernement portugais, le ministre des Affaires étrangères, Augusto Santos Silva.

Outre les huit pays mis en cause, cinq pays ont présenté des budgets "globalement conformes" aux règles du Pacte de stabilité et de croissance (PSC), qui vise à assurer la discipline budgétaire des États membres de la zone euro: la France, l'Irlande, l'Autriche, la Lettonie et Malte.

Concernant la France, Pierre Moscovici a une nouvelle fois appelé à ne pas laisser filer les déficits publics en 2018. "Je ne voudrais pas qu'on balaye les efforts fournis par les Français", a-t-il déclaré, appelant "les candidats à l'élection présidentielle" à prendre "leurs responsabilités".

- 'Marges budgétaires' -

Au final, cinq pays seulement, sur les 19 de la zone euro, sont en conformité totale avec le PSC, qui fixe une limite de 3% du PIB pour le déficit et de 60% pour la dette: l'Allemagne, l'Estonie, les Pays-Bas, la Slovaquie et le Luxembourg.

La Grèce, en grande difficulté économique et soumise à un plan d'aide, n'est pas concernée par ces prévisions budgétaires.

Parmi les pays "à problème", l'Italie, troisième économie de la zone euro et dont la dette publique (133% du PIB en 2016) est la seconde plus importante de l'UE derrière celle de la Grèce.

Afin de contenir cette dette colossale, la Commission européenne lui avait demandé de réduire son déficit à 1,8% du PIB en 2017, objectif que Rome s'était engagée à respecter.

Mais le chef du gouvernement, Matteo Renzi, a finalement annoncé un déficit public à 2,3% du PIB en raison des "circonstances exceptionnelles" liées aux tremblements de terre et à une vague massive d'immigration.

En pleine campagne pour un référendum constitutionnel très disputé, prévu le 4 décembre, M. Renzi n'a eu de cesse, par ailleurs, de lancer des piques à l'encontre des institutions européennes et a encore récemment dénoncé les "diktats" de Bruxelles.

S'il n'a pas directement réagi à la communication de l'UE sur son budget, le ministre des Finances, Pier Carlo Padoan, s'est cependant félicité sur la RAI de voir l'Europe abandonner "à moitié l'austérité".

"On demande aux pays qui ont des marges budgétaires qu'ils en fassent usage et c'est une grande victoire de l'Europe, que l'Italie revendique", a-t-il dit.

L'UE a en effet invité mercredi les bons élèves de la zone euro, comme le Luxembourg, les Pays-Bas et surtout l'Allemagne, à "dépenser et investir plus pour eux-mêmes, dans l'intérêt de tous", afin de soutenir la reprise.

Une "expansion budgétaire" qui pourrait atteindre, selon la prescription européenne, jusqu'à 0,5% du PIB de la zone euro prise dans son ensemble.

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