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La Russie décide de limiter les exportations de céréales

Le gouvernement russe a décidé lundi d'introduire des barrières douanières pour réduire les exportations de céréales, espérant ainsi augmenter l'offre sur le marché intérieur et faire baisser les prix, dopés par la chute du rouble.

Cette mesure va être mise au point et présentée au Premier ministre Dmitri Medvedev sous 24 heures, a indiqué le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch, cité par les agences russes lors d'une réunion gouvernementale.

Même si l'annonce de cette baisse de l'offre arrive à un moment où le marché mondial est plutôt bien alimenté, elle a eu pour effet immédiat une hausse des cours du blé sur les marchés européens.

Avec la chute du rouble, il est bien intéressant pour un agriculteur russe d'exporter à des prix établis en dollars en fonction des marchés internationaux. Par conséquent, les prix ont augmenté sur le marché russe, malgré une des moissons les plus abondantes jamais enregistrées à 104 millions de tonnes de céréales.

La perspective d'un renchérissement du prix du pain agace les autorités, qui ont promis de surveiller de près les prix alimentaires, dopés par l'embargo décrété par Moscou sur les produits alimentaires européens et américains en réponse aux sanctions liées à la crise ukrainienne.

"Nous avons une bonne récolte mais dans le même temps, à cause de la volatilité du rouble, les prix sont très avantageux et les exportations ont notablement augmenté", a déclaré Dmitri Medvedev.

"Nous devons disposer de réserves minimales qui assurent la sécurité alimentaire de la Russie. Dans ce contexte, je pense qu'il est temps de réfléchir à des restrictions administratives des exportations", a-t-il ajouté.

Selon M. Dvorkovitch, la Russie a exporté depuis juillet 21 millions de tonnes, sur un potentiel total annuel de 28 millions, contre 25,2 millions de tonnes lors de la dernière campagne agricole qui s'est achevée fin juin.

"Maintenant, il y a deux hypothèses: soit c'est une restriction totale, soit une restriction partielle qui exclurait notamment les deux principaux clients de la Russie, l’Égypte et la Turquie", décrypte pour l'AFP Sébastien Poncelet, consultant-analyste chez Agritel.

Pour cet expert, les restrictions pourraient donc créer un manque de 6 à 7 millions de tonnes de blé sur le marché mondial, seulement 4 à 5 millions si la Russie continue d'exporter vers la Turquie et l'Egypte, principal importateur mondial.

Les principaux exportateurs agricoles, via leur Union, ont demandé que les nouveaux droits de douanes ne s'appliquent qu'à partir du 1er mars pour donner le temps au secteur de se préparer.

Dans les faits, les autorités avaient déjà mis le frein sur les ventes, cessant de délivrer la semaine dernière les certificats nécessaires aux exportations. La société de chemin de fer s'était en outre déclarée dans l'incapacité de transporter les cargaisons de céréales vers les ports.

Désormais formelles, les limitations ont été accueillies froidement par les producteurs. Alexandre Korbout, responsable de l'Union céréalière cité par Interfax, s'est inquiété des "risques" créés par la perte de revenus en pleine préparation des semis, alors que les prix des engrais ont fortement augmenté.

La question des financements est cruciale pour les agriculteurs russes alors que les taux d'intérêt des crédits se situent à un niveau très élevé, proches de 20%, en raison du durcissement monétaire décidé pour défendre le rouble.

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